Hier, lundi 3 mai 2021, des journalistes membres du Collectif de soutien à Amadou Diouldé Diallo (COSADD) ont été expulsés de la salle de la Haute autorité de la communication (HAC), sur ordre de son président Boubacar Yacine Diallo, en marge de la cérémonie de remise du premier lot de la nouvelle carte professionnelle de presse. Partis d’une « manifestation virtuelle » à la Maison de la presse de Guinée sise à Kipé Dadya, pour demander la libération des deux journalistes en prison, Amadou Diouldé Diallo et Ibrahima Sadio Bah, ils ont été contraints de quitter la salle avant l’arrivée des membres du gouvernement, à cause notamment des brassards rouges qu’ils portaient en guise de protestation contre la violation de la L002 sur la liberté de la presse qui dépénalise les délits de presse. Une décision imputée au président de la HAC que ne comprennent pas les membres du collectif, surtout en cette journée internationale de la presse.
Interrogé par Ledjely.com, le porte-parole du COSADD est revenu sur la mésaventure des journalistes protestataires. « On était déjà entrés dans la salle avec les brassards rouges qu’on a préparés et distribués entre nous et les journalistes présents. Entretemps, le président de la HAC, Boubacar Yacine Diallo, est arrivé. Il nous a dit qu’il ne veut pas voir les brassards rouges, soit on les enlève ou qu’on sorte de la salle. On lui a dit qu’on n’est pas venus pour créer du désordre, mais plutôt pour exprimer notre colère et exiger que nos confrères qui sont en détention soient libérés. Mais il est resté sur sa position. Certains journalistes ont enlevés mais nous les membres du collectif on est sortis. Il a donné l’ordre aux agents de nous sortir de la salle », a confié Abdoul Malick Diallo.
Selon le reporter, le président de l’instance de régulation des médias en Guinée leur a fait appel dans son bureau pour tenter en vain de les faire enlever les brassards afin qu’ils puissent revenir dans la salle. « Il nous a expliqué qu’il n’est pas contre notre revendication, mais que les brassards rouges que nous portons autour des bras et de la tête pourraient gêner les membres du gouvernement qui sont annoncés, mais aussi que certaines personnes qui n’ont pas été retenues pour obtenir la carte de presse peuvent profiter de la situation pour créer le désordre », a raconté le porte-parole du collectif.
Une réaction que le journaliste dit ne pas comprendre, d’autant plus qu’il ne nie pas l’implication personnelle de Boubacar Yacine Diallo dans le combat. « On a attendu la fin de la cérémonie, lorsque les officiels sortaient, pour dérouler notre banderole de protestation. On n’a pas crié, on est restés silencieux. Et le président de la HAC, lui-même, est revenu vers nous pour nous rassurer et nous dire qu’il comprenait notre combat et qu’il allait s’impliquer davantage pour obtenir la liberté d’Amadou Diouldé Diallo », a-t-il ajouté.
Poursuivant, Abdoul Malick a indiqué que cette interpellation ne visait pas que les membres du gouvernement présents à cette cérémonie. « Les journalistes ne se sont pas mobilisés fortement comme ce qu’on a l’habitude de voir, les associations de presse ne se sont pas bougées rapidement cette fois-ci. Donc, à ceux-là, nous voudrions les interpeller pour leur dire : ‘Arrêtez de garder le silence face à l’injustice parce que le combat doit venir de la presse avant d’aller vers les autorités administratives’. Mais de toute façon, tous ceux qui étaient là-bas nous ont vu, ils ont compris qu’il y a des gens qui sont derrière et qui ne comptent pas abandonner leurs confrères qui sont en prison » à la Maison centrale de Conakry, a estimé le porte-parole du COSADD.
A rappeler que le journaliste et historien Amadou Diouldé Diallo détenus depuis 67 jours (ce mardi 4 mai 2021) pour « offense au Chef de l’Etat », Alpha Condé, alors qu’une condamnation forfaitaire était attendue le 28 avril dernier. Ce, conformément au réquisitoire du procureur de Dixinn, Souleymane N’Diaye deux semaines plutôt au cours de la tenue de son procès. Mais l’audience à l’issue de laquelle M. Diallo devait recouvrer la liberté – la loi ne prévoyant pas de peine de prison pour les délits de presse – a été renvoyée à une date ultérieure.
Hawa Bah