Décidément, les autorités de la Haute-Guinée commencent à être excédées par la série de manifestations contre l’interdiction des prières nocturnes. En tout cas, les propos confiés cet après-midi au correspondant du Djely basé dans la savane guinéenne par le préfet de Kérouané sont empreints d’agacement. Elhadj Sory Sanoh trouve en effet que ce n’est pas que le désir de faire la prière qui justifie les manifestations de ces derniers jours. Parce qu’après tout, selon lui, les Guinéens ne sont pas plus musulmans que ceux de la Mecque.
Elhadj Sory Sanoh est plutôt amer. Ainsi, déclare-t-il au micro de notre correspondant, « nous ne sommes pas plus musulmans que ceux de la Mecque ». D’ailleurs, il pense que les agissements de ces derniers jours ne reflètent pas le comportement du bon musulman. « Les bons musulmans respectent les autorités religieuses. Tous ceux qui manifestent maintenant sont des manipulés. Sinon, un bon musulman ne doit pas provoquer des émeutes pendant ce mois béni », dit-il encore.
Evoquant ensuite le déroulement des manifestations de la nuit dernière, le préfet confie qu’il n’était pas à Kérouané quand les manifestants se sont mis en branle. « J’étais à Kankan quand la manifestation a commencé et je suis rentré ici à 2 heures du matin quand je fus informé de la situation ».
Assurant qu’une réunion de crise s’est tenue ce matin pour essayer de parer au pire, Elhadj Sory Sanoh indique en outre que les dispositions sécuritaires adéquates ont été prises : « Grâce à l’appui des gouverneurs de Kankan et N’Zérekoré, des agents de la CMIS ont quitté Beyla pour renforcer la sécurité de la ville ». Au passage, il confirme la nouvelle relative à la mort d’une personne. « A l’heure où je vous parle, ils sont en train d’enterrer le jeune qui a perdu la vie et nous ne savons pas s’ils reviendront [manifester de nouveau]« , déclare-t-il.
Le préfet informe par la même occasion que du côté des forces de l’ordre, il y a également eu des blessés. « Pendant les accrochages, notre commandant de la gendarmerie a été blessé par balle de calibre 12. Sur les lieux de la manifestation, on a ramassé des balles par terre comme pour dire qu’ils étaient armés. Actuellement, le commandant se trouve à l’hôpital préfectoral pour extraire les balles », conclut le préfet de Kérouané.