Le mois de ramadan arrive à son terme. Pour le Mali, le Niger et la Côte d’Ivoire, c’est même ce mercredi 12 mai que la communauté musulmane célèbre la fin du mois de jeûne et de pénitence. Dans les trois pays, les autorités religieuses respectives invoquent l’observation du croissant lunaire pour inviter leurs coreligionnaires à fêter l’Aid el Fitr. Et on peut même s’attendre à ce qu’une partie des musulmans sénégalais, eux aussi, célèbrent la fête ce même mercredi, dans la mesure où la Coordination des musulmans du Sénégal a publié un communiqué allant dans ce sens. Mais pour le reste des pays de l’ouest-africain notamment, à l’instar de l’Arabie Saoudite et de la France, la fête ce sera pour demain jeudi. Ce sera en particulier le cas à Conakry et dans les autres villes de Guinée. Une situation plutôt incompréhensible.
Pourquoi la dissonance?
En effet, pourquoi une telle dissonance dans un espace géographique se situant pratiquement sur le même fuseau horaire ? Certes, ce n’est pas la première fois qu’il est question de ce décalage aussi bien pour le démarrage du jeûne que pour sa fin. Mais on devrait trouver le moyen de le juguler, parce qu’il n’est pas normal que les fidèles se réfèrent davantage à la lointaine Arabie Saoudite qu’au pays voisin. Dans un espace CEDEAO à l’intérieur duquel les pays ont beaucoup de choses en commun et où l’intégration est une vocation avouée, on devrait plutôt facilement s’entendre sur un mécanisme commun d’observation du croissant lunaire et dont les décisions seraient adoptées par tout le monde. Dans la mesure où il arrive que dans un même pays, la fête soit étalée sur deux ou trois jours, on a conscience que le sujet peut être délicat. Mais justement, en raison de la grande légitimité que revêtirait une décision partagée par un grand nombre de pays, les particularismes internes devraient se réduire de facto. C’est dire donc que tout dépend essentiellement de la volonté des différents responsables religieux des pays concernés de se mettre ensemble afin d’afficher une image plus harmonisée.
Le secours de Dieu
Indépendamment de cette discordance, et au-delà de la ferveur qui devrait caractériser les fidèles musulmans, on devrait profiter de la fête pour solliciter le secours de Dieu contre les défis auxquels les différents pays font face. Défis au premier rang desquels, on a la pandémie de la Covid-19. Une maladie qui, même si elle n’a pas été aussi foudroyante sur le continent africain qu’elle l’a été sous d’autres cieux, a néanmoins sérieusement malmené les économies fragiles des différents pays d’Afrique. D’ailleurs, on s’attend à ce que les sermons des imams réservent une place non négligeable à la sensibilisation en faveur du respect des gestes-barrières et à l’acceptation des vaccins en déploiement dans de nombreux pays. Dans la zone sahélienne également, on devrait profiter de la prière de l’Aïd el Fitr pour prier et implorer le Seigneur contre le terrorisme qui a rendu toute la région infréquentable. Le terrorisme, ce fléau qui répand du sang, charrie des violences et effraie et fait fuir les investisseurs et autres touristes, est en effet un allié de fait de la pauvreté et de la misère de cette aride région du Sahel. Enfin, plus généralement, les fidèles prieront pour la stabilité et la cohésion dans leurs pays respectifs et pour l’amélioration des conditions de vie qui, dans l’ensemble, demeurent très difficiles. Que la fête se fasse aujourd’hui mercredi ou demain jeudi, ce sera là le menu.
Bonne fête donc à tous !
Boubacar Sanso BARRY