L’annulation du processus devant mener à l’élection de la nouvelle équipe dirigeante de la Fédération guinéenne de football (Feguifoot) n’aura pas été suffisante pour mettre fin à la crise qui mine l’institution depuis plusieurs maintenant. Au-delà des candidats qui veulent succéder à Antonio Souaré, ce sont désormais les présidents des commissions qui sont en conflit ouvert. En effet, le président de la Commission d’éthique de l’instance dirigeante du football guinéen, Amadou Tham Camara, a suspendu ce jeudi le président de la Commission électorale, Aboubacar Dorah Koïta, pour “propos injurieux [à] son endroit ».
Une situation qui n’étonne pas Siaka Barry, ancien ministre des Sports, de la Culture et du Patrimoine historique, au regard de la crise qui avait déjà secoué le football guinéen en 2017. “Nous avons mis en place un comité de normalisation dirigé à l’époque par un duo [Mohamed Lamine] Nabé et Amadou Tham Camara que j’ai eu à coacher en tant que ministre des Sports. C’est parce que nous voyions en aval ce qui était entrain de se passer en amont. Mais malheureusement, tout ce travail-là – puisque la Guinée, c’est un perpétuel recommencement – a été mis à l’eau, à cause de la clanisation à outrance du football guinéen entre temps. D’ailleurs, à l’époque, [c’étaient] deux clans. Aujourd’hui, on se retrouve avec plusieurs clans, et chaque clan ayant des ramifications », regrette le leader du Mouvement populaire démocratique de Guinée (MPDG), invité ce jeudi 27 mai dans les Grandes Gueules sur Radio Espace, précisant que les deux clans de l’époque étaient ceux de Antonio Souaré et de Salif Camara. A ces deux clans, s’ajoutent aujourd’hui ceux de Kerfalla Personne Camara (KPC), Bouba Sampil, etc.
Poursuivant, Siaka Barry a révélé que l’implication du chef de l’Etat dans la gestion des affaires internes du football guinéen n’est pas une première. “Je pense qu’il pêche le plus souvent par méconnaissance des textes qui régissent le football. La démarche du président, comme il l’avait dit ce jour-là était fraternel, il a dit qu’en tant que grand frère, il veut qu’on lave le linge sale en famille, entre des frères qui étaient ce jour-là à couteau tiré. Je veux parler de Antonio Souaré et Super V », a-t-il déclaré, précisant que le président l’avait appelé en tant que témoin, en présence du Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana.
Et à l’en croire, il s’était fait entendre auprès du président Alpha Condé. “Je lui ai dit : Monsieur le Président, vous avez une intention très noble. Mais malheureusement, si vous ne prenez pas garde cette bonne intention vous éclatera à la figure, parce que les instances comme la CAF et la FIFA le verront comme une volonté d’immixtion dans les affaires du football ».
Face aux remous au sein de l’institution en 2017, un comité de normalisation avait fini par être installé à la tête de la Feguifoot en 2017. A l’époque, le ministère des Sports, sur approbation du président de la République, avait fait venir des experts de la Confédération africaine de football (CAF) et la Fédération internationale de Football Association (FIFA) pour réviser les textes régissant l’instance dirigeante du football guinéen. Ce qui avait permis, à l’issue du processus, à l’élection de Antonio Souaré au poste de président de la fédération.
Hawa Bah
