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MALI : les limites de la pression internationale

Du nouveau coup d’Etat qui vient d’être perpétré au Mali, on peut dire beaucoup de choses. En particulier, on gagnerait à comprendre ce qui, au-delà des événements du moment, explique cette inexorable descente aux enfers du jadis très prometteur Mali. Mais avant, il y a un premier constat qui s’impose. Il s’agit de l’échec patent de la communauté internationale à imposer ses instructions au colonel Assimi Goïta et à ses hommes. C’est le trait de démarcation entre le coup d’Etat du 18 août 2020 et celui de ce lundi 24 mai 2021. Autant il y a 9 mois, les putschistes s’étaient empressés de s’exécuter face à la fermeté de la CEDEAO, de l’Union africaine et de l’ONU, autant cette fois, ils ne se laissent guère impressionnés. Certains diront qu’entre temps, les militaires ont gagné en expérience ou qu’ils ont eu le temps d’établir des alliances ou des connexions susceptibles de contrecarrer certaines pressions. Mais il y a surement aussi que depuis l’éviction d’Ibrahim Boubacar Keïta, les militaires ont eu le temps d’observer les agissements de la communauté internationale et de remarquer que la démarche de celle-ci n’est pas toujours cohérente. Résultat des courses, ils en tirent profit pour se donner une marge de manœuvre qu’ils n’avaient pas osé s’offrir il y a 9 mois.

Boucan diplomatique

D’Abuja à Paris, en passant par Addis Abeba, siège de l’Union africaine, le ton est le même. La fermeté vis-à-vis des militaires maliens est quasi-unanime. La diplomatie française, rompant avec une certaine réserve qui sied à des circonstances similaires, a même menacé de saisir le Conseil de sécurité de l’Onu. Comme par le passé, une mission est dare-dare dépêchée d’Abuja par la CEDEAO pour venir cracher la vérité à la junte malienne. Mais apparemment, du camp de Kati où il retient Bah N’Daw et Moctar Ouane prisonniers depuis le lundi soir, c’est avec un brin de sourire que le colonel Assimi Goïta observe tout ce grand boucan diplomatique. En tout cas, il ne se laisse point décontenancer. Cette fois, il n’est pas question pour l’armée qui a repris le pouvoir de parcourir les capitales régionales pour expliquer le bien-fondé du geste qu’elle vient de poser. Manifestement, elle ne trouve plus une telle démarche si nécessaire.

Un fait accompli consommé

Droit dans ses bottes, le colonel Assimi Goïta déroule son agenda. Il se sait décidément en position de force. Et la réalité tend à lui donner raison. Ainsi, en dépit des cris de protestation qui s’élèvent de certaines capitales, il a réussi à faire démissionner le président et le premier ministre. Un premier point qu’il remporte face à la communauté internationale qui avait expressément mis en garde contre le « fait accompli ». Or, le fait accompli est consommé. Car les négociations qui se tiennent dans l’enceinte du camp de Kati ne portent plus sur le retour du duo Bah N’Daw-Moctar Ouane aux affaires. L’enjeu est plutôt désormais de les sortir sains et saufs des griffes des militaires. Au-delà, Assimi Goïta est aujourd’hui en passe d’imposer l’idée qu’il sera celui qui conduira la seconde étape de la transition. En effet, le seul débat qu’il autorise est celui portant sur le choix d’un autre premier ministre. Et là aussi, la communauté internationale n’a pas assez de marge de manœuvre pour s’y opposer.

Le précédent tchadien

Entre le premier et le deuxième coup d’Etat, les rapports semblent s’être donc inversés en faveur des putschistes maliens. Cela procède sans nul doute du fait qu’en 9 mois au sommet de l’Etat, les militaires ont eu le temps d’étudier et comprendre les points faibles de la communauté internationale. Ils ont eu aussi le temps de se faire des amis susceptibles de les conseiller quant à la manière de tenir face à la pression de cette même communauté internationale. Mais surtout, les soldats maliens doivent avoir tiré toutes les leçons des événements récents au Tchad. Ils ont dû mesurer combien de fois on avait été injuste à leur égard en les clouant au pilori il y a neuf mois, alors qu’on s’est étonnamment montré indulgent il y a quelques semaines à l’égard de Mahamat Idriss Deby Itno. Si on n’ira pas jusqu’à envisager l’éventualité qu’Assimi Goïta ait provoqué le second coup d’Etat pour se venger justement de la communauté internationale, on peut néanmoins estimer qu’il peut profiter de l’occasion qui s’est présentée à lui pour le faire. Tant il est vrai que le deux poids deux mesures était flagrant. Au point que si on ne peut se réjouir d’un coup d’Etat, on n’est cependant pas si mécontent de voir l’incohérence de certains acteurs de la communauté internationale se retourner contre eux. Pour une fois que cela arrive, on ne peut pas en pleurer.

Boubacar Sanso BARRY

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