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MALI : Emmanuel Macron plutôt fébrile

C’est une réaction qui, à elle seule, est révélatrice à la fois de la fébrilité et de la vulnérabilité de la diplomatie française dans la bataille géopolitique qui se joue au Mali, à travers le second coup d’Etat que vient d’y perpétrer le colonel Assimi Goïta. Agacé par la perte éventuelle du verrou malien et au-delà de tout l’espace sahélien, et constatant son impuissance à influer sur les événements, Emmanuel Macron en vient à proférer des menaces. Ainsi, dans une interview accordée au JDD, le chef de l’Etat français menace de ramener les 5100 soldats français de l’opération Barkhane à la maison. On imagine qu’il compte sur ce genre de chantage pour apeurer les autorités actuelles du Mali et au-delà celles de tous les Etats du Sahel et de la CEDEAO, pour se faire entendre. Que c’est ridicule ! Surtout, qui aurait cru que la grande France en viendrait à recourir à ce genre de procédé ? Cette réaction empreinte de dépit est par ailleurs illustrative du décalage qu’il peut y avoir entre les autorités françaises et les aspirations des peuples africains. Autrement, Emmanuel Macron aurait dû comprendre que ce n’est pas le meilleur argument qu’il avait à brandir. Loin de là !

Emmanuel Macron perd un peu la raison

C’est très étonnant ! Face à la menace russe, c’est Emmanuel Macron qui manie le langage de l’intimidation. Constatant, impuissant, que son pays est en train de perdre la partie dans la très stratégique bataille pour le contrôle du Sahel, le président français perd un peu la raison. Lui qui il y a quelques semaines à peine, adoubait le fils Deby au nom de la sécurité du Sahel, menace désormais de retirer ses troupes de cette même zone. Voilà qui n’est pas cohérent. Mais cette réaction est surtout révélatrice du fait que la France n’est pas suffisamment outillée pour faire face à la compétition que d’autres puissances promettent de lui imposer sur le continent africain. Ancienne puissance coloniale et ayant toujours entretenu des relations privilégiées avec l’écrasante majorité des pays de l’ouest-africain, voilà que la France panique dès la première menace. Est-ce à dire qu’elle se pensait en terrain conquis ? Ce serait alors plus étonnant, dans la mesure où la Centrafrique aurait dû lui mettre la puce à l’oreille. Mais à la limite, la fébrilité de Macron peut se comprendre quand on réalise qu’elle ne peut même plus compter sur les chefs d’Etat de la CEDEAO. En effet, contrairement aux apparences, la rencontre que les dirigeants de la sous-région ont eue ce dimanche à Accra n’aura fait qu’entériner les changements intervenus la semaine dernière à Bamako. La fermeté qui transparait du communiqué final n’est qu’une posture diplomatique de convenance. Parce que dans l’absolu, ils considèrent l’auto-proclamation du colonel Assimi Goïta comme président de la Transition, comme un fait accompli.

Menace et chantage

Au-delà de son caractère étonnant, la réaction d’Emmanuel Macron peut même revêtir une certaine déception pour la jeunesse africaine. Du moins, cette frange de la jeunesse du continent qui voyait en la France un certain modèle. Elle doit être déçue de constater que la nation des droits de l’homme qu’elle prenait pour une référence n’a rien d’autre à lui proposer que la menace et le chantage. Des jeunes qui ont tendance à voir en Macron quelqu’un de la même génération qu’eux s’attendaient certainement à ce qu’en pareille circonstance, le président français joue davantage la carte de la séduction. Qu’à la différence de la Russie, il propose les droits humains, les principes démocratiques, la bonne gouvernance, l’aide au développement, … Bref, les valeurs pour lesquelles se battent les jeunes africains. Ces jeunes qui croyaient qu’en pareille circonstance, Emmanuel Macron réaliserait l’impérieuse nécessité de faire évoluer le logiciel de manière à parier un peu plus sur les peuples au détriment des dirigeants. Hélas, Emmanuel Macron, même s’il est d’une nouvelle génération de dirigeants français, demeure décidément bien scotché à certaines pratiques rétrogrades. Un immobilisme qui devrait coûter cher à la diplomatie de son pays, à l’heure où l’Afrique n’est plus convoitée que par les puissances classiques.

Boubacar Sanso BARRY

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