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TRIBUNE : Afrique, la démocratie à géométrie variable

Les récents développements des crises politiques au Tchad et au Mali démontrent, de nouveau et à suffisance, la limite et le paradoxe des principes de démocratie, des conventions, accords et protocoles de l’Union Africaine (UA), de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique centrale ou australe.

On est tenté de se demander où sont les défenseurs de ces principes devant la dévolution héréditaire du pouvoir au Togo, au Gabon, au Tchad ou bien les tripatouillages/modifications des constitutions en Guinée Equatoriale (depuis 1979), au Cameroun (depuis 1982), en Ouganda (depuis 1986), au Congo Brazzaville (depuis 1997), en Guinée (depuis 2010) et en Côte d’Ivoire (depuis 2011), entre autres, uniquement pour une conservation du pouvoir ? Que sont devenus les sacro-saints principes de limitation des mandats et d’alternance, inscrits en lettres capitales dans les constitutions de ces pays ?  Sans doute, de simples et vulgaires écritures qui ne servent qu’aux idiots idéalistes qui y croient. Le plus dur est d’arriver au pouvoir, se maintenir relève d’une manipulation devenue systématique ou de la violence à laquelle on recourt de plus en plus.

L’inféodation des commissions électorales et des cours constitutionnelles de ces différents pays au pouvoir en place dont ils sont par ailleurs de simples caisses de résonnance, amenuise ou ôte la crédibilité et la fiabilité aux différents processus électoraux et à la validation juridique des résultats. Ceci entraîne dans certains cas de rébellions ou coups d’Etat, seuls moyens de mettre fin au pouvoir établi.

Lorsque des populations revendiquent, manifestent ou se révoltent contre la mal gouvernance ou la misère, les pouvoirs en place réagissent par la violence. Et quand l’armée intervient ou prend le pouvoir, on est prompte et apte à brandir immédiatement les sacro – saints principes de non-accession au pouvoir par la force. Tout se passe comme si le militaire est uniquement destiné à défendre et mourir pour la patrie. Les autres droits du citoyen lui étant refusés. Cet étendard est rapidement brandi et défendu par le syndicat des Chefs d’Etats en place.

Finalement, le citoyen lambda se demande où situe son salut entre les mascarades électorales, les rébellions et les prises de pouvoir par la force.

Le soutien flagrant et unanime récemment apporté au Tchad, pourtant en proie à une dévolution dynastique du pouvoir au mépris des dispositions constitutionnelles, au nom d’une prétendue raison de sécurité pour le pays et pour la région sahélienne a surpris. D’autant que la même raison est refusée au Mali, pays encore plus fragile quand un Président et un Premier Ministre, sortis de nulle part et installés au pouvoir par l’armée, procèdent à un remaniement ministériel sans associer cette dernière. Pire, faisant d’une montre d’une ingratitude suicidaire, les deux s’offrent l’autorisation de renvoyer du gouvernement deux membres de l’équipe militaire qui les ont installés au sommet de l’Etat. Au lieu de dénoncer cette attitude maladroite digne d’un amateur, les communiqués des instances régionales et internationales s’étaient bornés à dénoncer aveuglement le renversement de Bah N’daw et de Moctar Ouane.

Par ailleurs, il est de notoriété publique qu’à chacune des crises sur le continent africain, on est prompte à invoquer des intérêts stratégiques de la France, de la Grande Bretagne, des Etats – Unis d’Amérique, de la Russie, de la Chine ou depuis un certain temps de la Turquie.  Ce qui est quelque peu humiliant. Car cela ressort le fait que nos pays, quoiqu’indépendants depuis plus de 60 ans, mais instrumentalisés par les pouvoirs en place et un peu par la faute de nos élites en général, ont encore besoin de tuteur protecteur et bienfaiteur.

Finalement, que valent la démocratie, les élections, la limitation des mandats, l’alternance, la conquête et la conservation du pouvoir qui mobilisent et polarisent l’Afrique pendant que la pauvreté, les maladies endémiques et le sous-développement sont relégués au second rang des préoccupations des élites politiques et administratives de nos pays ?

A l’évidence, ces concepts démocratiques sont mis en œuvre suivant la tête du client et selon les intérêts des différents intervenants.

C’est ce que doivent comprendre et assumer les Africains.

Alhassane Diallo, depuis Bordeaux, France

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