Les habitants de Conakry éprouvent d’énormes difficultés dans la circulation. En plus des embouteillages, ils font désormais face aux découpages des tronçons, instaurés par certains chauffeurs, notamment pendant les heures de pointe.
Nombreux sont les chauffeurs de taxi qui, depuis un bon moment, profitent des heures de pointe pour découper les tronçons dans le but de gagner plus d’argent. Le prix du tronçon étant fixé à 1 500 francs guinéens par les autorités, certains d’entre eux trouvent le moyen de gagner le double en morcelant les tronçons.
Habillée en mini-jupe de couleur noire et une chemise bleue marquée par des traces de sueur sous les aisselles, des ballerines rouges et un sac à la main, Fanta Kaba veut être à son lieu de travail très tôt. Elle est sortie de la maison depuis 6h45 minutes mais peine à trouver un taxi qui va directement à sa destination. Lassée par cette situation, la jeune dame de la trentaine ne décolère pas contre les chauffeurs. « Ces gens n’ont aucune compassion pour leurs passagers. Un chauffeur m’a pris à Sonfonia-Rails, comme j’étais pressée, je ne lui ai pas demandé sa destination. Dès qu’on est arrivé à la transversale numéro 6, il gare son véhicule et nous dit que c’est là qu’il se limite. Nous sommes descendus, et immédiatement, je le vois signaler d’autres personnes pour la transversale numéro 4, c’est-à-dire la cité Enco5. Je m’embarque à nouveau dans son véhicule et continue. Arrivée à destination, tout le monde descend et il a continué. Donc au lieu de 1 500, j’ai payé 3 000 francs pour un seul tronçon. De là-bas, j’ai emprunté un autre pour Cosa. Donc, le tout me fait 4 500 au lieu de 3 000 francs. Et je suis sûre que c’est comme ça qu’il va découper les tronçons jusqu’à Madina », raconte-t-elle.
« On ne peut rien contre ces chauffeurs, c’est la Guinée ! Chacun agit comme bon lui semble », ce sont les termes employés par Sadialiou Sow pour dénoncer la situation. Selon lui, l’humanisme a fui ce pays depuis longtemps. D’ailleurs, le fait de faire payer le double du prix du tronçon aux citoyens est devenu le quotidien de certains chauffeurs de Conakry. « Chaque fois, je suis victime de leurs agissements. Normalement de la Cimenterie à Madina, le prix du transport, c’est 9 000 francs guinéens. Mais il m’arrive parfois de payer jusqu’à 15 000 francs. On n’a pas de choix. Si on se met au même niveau que les chauffeurs, c’est nous qui perdons. Donc, pour éviter le retard, nous sommes obligés de céder à leurs caprices », souligne M. Sow.
Beaucoup d’autres citoyens interrogés disent faire face à la même réalité. Des chauffeurs approchés par Ledjely.com ont préféré donner leurs langues aux chats. Sous anonymat, un responsable syndical tente de relativiser. « Je n’en veux à personne. Chaque chauffeur connait le montant qu’il doit verser comme recette à son patron. Il lui revient de trouver un moyen de mobiliser ce montant et avoir le prix du carburant. Donc, s’il agit de cette façon, il y a forcément une raison. La seule chose que nous leur imposons, c’est de s’acquitter de leur devoir, c’est-à-dire payer les billets », conclut-il.
Mariama Ciré Diallo