Alors que son préavis de grève deux semaines a cours depuis le 31 mai 2021, le syndicat des postes, télécommunications et assimilées ne décolère pas. Il pointe du doigt une surtaxassion de l’Etat dans le secteur des télécoms qui se chiffre à 70%, selon un rapport d’études effectué en 2018. Ce qui ferait de la Guinée, « le pays le plus taxé » dans la sous-région ouest-africaine. Et cette contribution devrait croître dès la fin du mois de juin prochain avec l’entrée en vigueur de l’arrêté numéro 457 du 29 mars 2021 qui élargit la redevance d’interconnexion nationale des abonnés d’opérateurs différents à un même opérateur. Une décision qui n’est pas du goût des syndicalistes réunis au sein de la Fédération syndicale autonome des télécommunications (FESATEL), qui s’opposent catégoriquement à l’application de cette dernière taxe. Ne serait-ce qu’en attendant un audit des taxes actuellement versées.
Joint au téléphone ce jeudi 3 juin 2021 par la rédaction de Ledjely.com, Hafsatou Diallo, 4e secrétaire générale adjointe de la FESATEL, a expliqué que de nombreuses démarches – qui se sont avérées infructueuses – ont été entreprises pour éviter d’en arriver là. « Cette dénonciation qu’on a faite remonte aux démarches qu’on a entreprises il y a pratiquement une année, à travers un rapport de GSMA (Global Système for Mobile Communications Association), une association des opérateurs de téléphonie évoluant dans le monde entier, qui avait fait une étude en 2018, qui a montré que la Guinée était taxée à hauteur de 70%. Donc, après cela, on a essayé d’entreprendre des démarches auprès de l’ARPT, mais ça n’a pas abouti », a-t-elle assuré.
Poursuivant, la 4e secrétaire générale adjointe de la FESATEL a expliqué que c’est l’arrêté 457 du 29 mars 2021 qui a fait déborder le vase. « Cette redevance veut dire que lorsque deux abonnés s’appellent, on applique la redevance. C’est une redevance qui n’existait pas. Avant c’était la redevance offline, c’est-à-dire qu’elle était appliquée entre des opérateurs différents », a-t-elle précisé, ajoutant que cette taxe est de 20 francs par appel.
A l’en croire, le ministère des Télécommunications a justifié l’instauration de cette nouvelle taxe par le besoin de l’Etat de compenser des déficits causés par la pandémie du Covid-19. Ce que le syndicat ne partage pas totalement. « Nous avons dit au ministre que nous comprenons cela, mais nous pensons également qu’en voulant appliquer trop de taxes on risque de tuer la taxe », a souligné Hafsatou Diallo.
Suite à une autre rencontre infructueuse, cette fois-ci avec l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT), le 27 avril dernier, les syndicalistes dans le secteur des télécoms disent être dans l’obligation de défendre coûte que coûte le travail, condition d’existence du travailleur. « On n’est pas contre les taxes parce que normalement c’est bon pour l’Etat, ça peut aider à mettre en place des infrastructures. Mais il faudrait bien que toutes ces taxes là reviennent à l’Etat, que ça ne sert pas à enrichir des individus. A défaut, on part en grève », a prévenu Hafsatou Diallo qui est par ailleurs secrétaire général de la délégation syndicale de MTN.
A noter que la FESATEL estime que les taxes d’interconnexion se chiffraient à 31 milliards en 2020, contre 276 milliards de nos jours. Ce, sans tenir compte des autres taxes à savoir la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), la taxe sur la consommation téléphonique, la taxe sur les appels internationaux entrants, le droit de douane sur les téléphones mobiles et cartes SIM, le droit de douane sur les équipements, la carte d’accès au réseau de télécommunication (CARTel), les frais de numérotation, les fonds de services universels, le fonds de recherche et de formation, la redevance FH (lié aux visites sur un site), etc.
Hawa Bah