C’est un domaine de sept hectares, situé dans le secteur Konseya, dans la sous-préfecture de Khorira, relevant de la préfecture de Dubréka qui oppose la famille guinéo-libanaise Adjimalis dont le principal concerné répond au nom d’Antoine Sylla et les femmes de Khorira qui ont l’habitude d’y pratiquer de la culture maraîchère. Pour ces femmes, le domaine en question est important pour leurs activités agricoles et elles disent l’avoir hérité de leurs grands-parents. Après plusieurs tentatives des autorités locales de régler le problème, le dossier se trouve actuellement au Tribunal de première instance de Dubreka. Mais déjà plusieurs arrestations sont enregistrées du côté des femmes qui s’opposent à l’occupation de ces sept hectares par la famille Adjimalis qui dit l’avoir acquis légalement il y a des décennies.
Tout a commencé il y a un mois lorsque des femmes de la sous-préfecture de Khorira sont retournées dans le domaine en vue des travaux pour leur culture maraîchère, comme elles font en prélude à chaque saison pluvieuse, afin de subvenir aux besoins de leurs familles. C’est ainsi qu’un homme guinéo-libanais, répondant au nom d’Antoine Sylla, membre de la famille Adjimalis leur a ordonné d’arrêter les travaux et de quitter les lieux. Il leur a notifiées qu’il est le propriétaire légitime d’un domaine de vingt hectares dont les sept qu’elles occupent. Une demande devant laquelle ces femmes de la localité ont refusé de se plier.
« C’est quand on a commencé de défricher le domaine que nous avons été invitées à quitter les lieux par une plainte déposée contre nous à la gendarmerie de Khorira par ce Libanais. Mais, nous nous sommes dites que même s’il a acheté le domaine, qu’il aille récupérer son argent auprès de celui qui prétend lui avoir vendu le domaine pour empocher son argent. Car, nous, nous allons exploiter le terrain comme on l’a toujours fait. Une seule personne ne peut pas vendre ce qui appartient à tout le monde. Donc, pour l’instant, c’est seulement Alpha Condé qui peut nous faire changer d’avis. C’est seulement lui qui sait s’il va prendre ce domaine de nos mains pour le donner à cet homme blanc. À part lui, nous sommes déterminées à aller jusqu’au bout ; s’il le faut jusqu’à la mort », promet Bountouraby Sylla, la représentante de ces femmes concernées dans cette affaire.
Après plusieurs tentatives des autorités locales de trouver une solution consensuelle entre les deux parties sans succès, le conflit s’est retrouvé au Tribunal de première instance de Dubréka. Selon Mabinty Soumah, une jeune journaliste native de Khorira, cinq personnes dont une femme ont été arrêtées depuis que le conflit a commencé. « Ils ont arrêté cinq de nos citoyens dont une femme qui a été finalement libérée suite à l’implication du maire de la commune rurale de Khorira. Les quatre autres personnes dont certains sont des personnes âgées peinent toujours à retrouver leur liberté, parce que les autorités judiciaires de Dubreka exigent le versement d’une somme de 15 millions pour leur libération », assure-t-elle.
Pourtant, selon un document datant de 1985 dont Ledjely.com a obtenu la copie, il est écrit et signé qu’effectivement la personne répondant au nom de Elhadj Abdoul Karim, planteur résidant à Térékéguéah, préfecture de Dubreka, a reconnu avoir vendu au cours de l’année 1970 un domaine de 16 hectares situé au lieu dit Kansoya à la personne répondant au nom d’Antoine Adjimalis Sylla à un prix unique d’un million francs soit l’équivalent de cent mille sylis (en 1985), en vertu des pouvoirs que lui ont concédés le véritable propriétaire du domaine à l’époque un français du nom de Pousset Yves, planteur.
Interrogés sur ce document, les deux autorités locales de Khorira, en l’occurrence le sous-préfet et le maire de commune rurale ont tous les deux reconnu qu’en parcourant le dossier « vous verrez qu’effectivement le domaine appartiendrait à la famille Adjimalis ». « Il y a même des preuves parce qu’il y a des reçus de paiement d’un montant de 210 millions de francs que les responsables, les aînés de la communauté même qui se réclame comme propriétaire légitime, ont perçu récemment », précise pour sa part Aboubacar Condé, le sous-préfet de Khorira.
De son côté, Ibrahima Sory Bangoura, maire de la commune rurale de Khorira, a tenu à souligner que ce problème est antérieur à sa prise de fonction en tant que maire. Mais il accuse un groupe de personne d’avoir vendu le terrain sans informer le reste des ‘propriétaires‘. « C’est une petite partie de la communauté qui a vendu ce domaine à Adjimalis. Les autres n’ont pas été informés de la vente et ils n’ont rien bénéficié du montant. Ils ont empoché l’argent qui n’appartenaient pas à eux seuls, mais à un ensemble », assure-t-il, faisant allusion aux rumeurs selon lesquelles certains habitants de la localité ont récemment reçu de l’argent de la part de la famille Adjimalis.
Pour le moment, nos tentatives d’obtenir la version du camp de la famille Adjimalis sont restées infructueuses. Mais les femmes de la localité, pour leur part, promettent de continuer leurs activités dans le domaine au cœur du conflit. En dépit du fait que les documents montrés dans cette affaire indiquent que le domaine appartient à la famille Adjimalis.
Nous y reviendrons !
Ali Mohamed Nasterlin