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« Mon mari m’a dit un jour… », Hadja Maïmouna, épouse Chérif Bah

C’est autour de Hadja Maïmouna Bah, l’épouse de Ibrahima Chérif Bah, un des vice-présidents de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), incarcéré à la Maison centrale, de s’adresser aux Guinéens. Son mari et ses compagnons d’infortune étant détenus depuis 8 mois, soit exactement 212 jours, elle écrit d’abord pour témoigner de l’épreuve qu’elle et toute la famille endurent du fait de la détention d’Ibrahima Cherif Bah. Mais elle écrit aussi pour saluer et se réjouir de l’élan de solidarité que son époux et les autres détenus rencontrent aussi bien à l’intérieur de la Guinée que de la part de la communauté internationale.  Un élan qui se fonde, selon elle, sur la conviction que les responsables de l’UFDG sont innocents. C’est d’ailleurs, dans la marque de sympathie qui sous-tend cette solidarité et qui incline certains à faire montre de générosité à l’égard des détenus que Hadja Maïmouna dit trouver le réconfort qui lui permet de tenir en ces moments difficiles. 

Ci-dessous l’intégralité de sa correspondance

Cela fait huit mois que mon cher époux et ses compagnons sont privés de leur liberté.

Huit mois qu’il sont privés de la chaleur de leurs familles.

Huit mois qu’ils subissent des conditions de détention indignes de leur personnalité.

Huit mois qu’ils cohabitent avec les rats, les punaises, les cafards et les moustiques.

Malgré cette flagrante injustice, le peuple de Guinée est fier de la bravoure et de la dignité dont ils ont fait preuve jusqu’à ce jour.

Je profite, par ailleurs de l’occasion, au nom de tous les détenus et de leurs familles, pour remercier le peuple de Guinée pour son soutien et ses encouragements pendant cette période difficile que nous traversons. Nous sommes profondément touchés par le fait que les Guinéens ne nous aient pas oublié.

Merci à nos parents, amis et sympathisants. Merci pour le soutien moral, matériel et financier car en effet, ma maison n’a pas désempli depuis le premier jour de leur détention. C’est davantage le cas les week-ends, à tel point que mon mari et moi avons convenu que je n’aille plus lui rendre visite en prison les dimanches et ce afin de pouvoir recevoir l’affluence du monde qui vient nous témoigner leur soutien.

Merci pour les grands paniers de fruits, pour les cartons remplis de tous genre, pour les paroles réconfortantes. En effet, plus précieuses que le diamant le plus pur, car elles me rappellent constamment que « Ton mari est un symbole pour ce pays. Il ne ferait pas de mal à une mouche. Il est honnête, sincère et a toujours été un rassembleur. Il restera dans les annales de notre histoire comme étant un bâtisseur de cette nation, un homme loyal, sincère et foncièrement honnête. Lui et ses compagnons ne méritent absolument pas ce traitement. »

Je n’oublie pas les Guinéens de l’étranger, qui nous n’ont pas arrêté de nous témoigner à travers divers canaux, leur attachement, leur forte compassion et leur sympathie.

Merci pour les cotisations, venant de personnes allant des plus modestes, aux plus nantis, surtout pendant le mois saint du Ramadan. Sachez que c’est grâce à vous que de nombreux détenus ont tout simplement pu jeûner.

Sachez que c’est votre soutien à tous, la conviction de leur innocence, et l’évidence pour tous les Guinéens et la communauté internationale, de la grotesque comédie politique dont ils sont les dommages collatéraux, qui leur permet de tenir le coup. Nous savons tous qu’ils ne sont pas à leur place et cette parodie de justice n’a que trop duré. Cela fait huit mois, 212 jours plus précisément que le monde entier attend leur libération. La prison est dure pour tout le monde, mais l’est encore plus pour un innocent.

Néanmoins le sacrifice de leur liberté au profit de la nation, leur a permis de constater avec émotion, l’attachement des Guinéens à leurs modestes personnes.

Mon mari m’a dit un jour, « C’est vrai que je souffre d’être en prison, mais je souffre encore plus de savoir que ma détention fait souffrir tant de personnes. Voilà ce qui m’empêche réellement de dormir la nuit« . C’est ça être Cherif Bah : incapable d’être la cause de la souffrance d’autrui.

En ce vendredi, jour de rassemblement et de prière sainte, j’en appelle à tous les Guinéens ! Au nom de tous les détenus injustement incarcérés, je vous demande de formuler une prière pour leur libération, que celle-ci résonne sur toute l’étendue du territoire !

Hadja Maïmouna Bah Diallo épouse du détenu Ibrahima Chérif Bah.

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