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CONDAMNATION DE FONIKÉ MENGUÈ : « Il y a des mains noires derrière », s’insurge Mamadou Sylla

Dans les différents verdicts rendus jeudi par la Cour d’appel de Conakry, deux opposants au troisième mandat, en l’occurrence le blogueur guinéo-canadien Mamadi Condé « Madic 100 frontières », et Oumar Sylla « Foniké Mangué », responsable de la mobilisation du FNDC, ont été condamnés à des peines de prison ferme. Si le premier a vu sa peine prononcée en première instance réduite de quatre ans en plus de l’annulation de la peine pécuniaire de 100 millions GNF, le second écope de trois ans de prison ferme. Mamadou Sylla, président de l’Union démocratique de Guinée (UDG), voit dans ces décisions du « deux poids deux mesures ».

Dans un entretien diffusé ce vendredi 11 juin 2021 sur une plateforme du cabinet du chef de file de l’opposition à l’Assemblée nationale, Mamadou Sylla, a d’abord salué la réduction de la peine prononcée en première instance contre ‘’Madic 100 frontière’’. Cependant, le chef de file de l’opposition a dans l’ensemble estimé que les juges chargés des affaires des deux opposants au troisième mandat ont fait du « deux poids, deux mesures ». « Je ne sais pas pourquoi la peine de Madic est réduite. Mais ce qui est réel et qu’on m’a dit, c’est que les parents de Madic sont membres du RPG depuis la création du parti. Donc, s’il a bénéficié de cette réduction, peut-être ses parents ont aussi joué [un rôle]. Mais Foniké Menguè est condamné à une peine qui dépasse ce que le procureur a demandé parce qu’il n’a pas des parents qui sont dans le RPG/Arc-en-ciel. C’est comme ça qu’il faut comprendre », a expliqué l’opposant qui est le grand-frère de Foniké Menguè.

Foniké Menguè était poursuivi pour « communication et diffusion des fausses informations, menaces notamment de violence ou de mort ». Des faits pour lesquels il avait été déclaré non coupable le 20 aout 2020 par le Tribunal de première instance de Dixinn. Une décision contre laquelle le procureur de la République près le TPI de Dixinn avait aussitôt relevé appel.

Un mois après son acquittement, il a été arrêté de nouveau, le 29 septembre, en marge d’une manifestation à l’appel du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Jugé en janvier dernier, il a été condamné à 11 mois de prison ferme par le Tribunal de première instance de Mafanco pour « participation délictueuse à un attroupement susceptible de troubler l’ordre public ».

Mamadou Sylla s’interroge sur les motivations d’un tel acharnement judiciaire, d’autant que le procureur lui-même avait requis une peine plus légère. « Si le procureur qui est le plaignant requiert deux ans de prison, pourquoi le juge va outrepasser pour ajouter un an [de plus] ? » « C’est parce qu’il y a des mains noires qui ont influencé pour qu’on puisse ajouter un an contre Foniké Menguè, assure-t-il. Tout simplement parce qu’au fond, c’est politique. Il y a des non-dits [dans ce verdict] », clame Mamadou Sylla, tout en se réservant de donner des détails sur ce qu’il dit détenir. « Un moment, j’ai parcouru tous les dossiers des prisonniers qui sont à la maison centrale donc je connais bien le dossier [de Foniké Menguè]. J’ai fait des démarches pour que ces gens-là soient libérés, mais je suis très surpris. Moi qui pensais qu’on allait relaxer ces deux jeunes carrément. Donc, cela veut dire qu’il y a deux plaignants dans cette affaire : un qui est le procureur et un deuxième qui est caché dans le noir qui impose aux juges ses décisions », a-t-il dénoncé.

Pour finir, Mamadou Sylla a invité la justice guinéenne de s’inspirer de celle de la France, en rappelant le verdict rendu tout contre le jeune homme qui avait giflé le président Emmanuel Macron. Celui-ci est condamné à 18 mois de prison dont 4 ferme. « Alors que ceux d’ici sont condamnés parce que tout simplement ils ont voulu exprimer leurs opinions. Même Dieu ne te condamne pas tant que tu n’appliques pas ce que tu dis ou menaces. Il attend toujours que tu fasses le mal pour que ça soit un péché », a conclu le leader de l’UDG.

Ali Mohamed Nasterlin

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