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MALI : les menaces de Paris ignorées

En réaction au second coup d’Etat mené par la bande du colonel Assimi Goïta, le 24 mai 2021, la France n’a cessé de multiplier les menaces. Coup sur coup, il y a eu d’abord l’annonce de la suspension des opérations militaires conjointes des soldats français avec ceux maliens ; ensuite celle de la fin prochaine de l’opération Barkhane. Au-delà de la volonté de pousser dans le sens du retour rapide à l’ordre constitutionnel, ces menaces étaient surtout des signaux auxquels les nouveaux maîtres de Bamako devaient répondre via des actes concrets. Mais on a bien l’impression que la France ne s’est pointe faite entendre. En tout cas, même si pour le moment on a aucune réaction officielle de la part des nouvelles autorités maliennes, on n’a pas non plus l’impression que les coups de semonce de Paris aient servi à grand-chose. Car d’une part, le colonel Assimi Goïta a maintenu le choix de Choguel Kokalla Maïga, comme nouveau premier ministre. D’autre part, dans le nouveau gouvernement présenté par ce dernier, les militaires se taillent la part du lion, y compris ceux que la France ne voulait pas sentir.

La France perd son influence

C’est certainement une réaction qui en dit long sur le peu d’influence que la France a de nos jours sur ses anciennes colonies en Afrique. On aurait pu penser que les menaces fermes proférées ces dernières semaines par le président Emmanuel Macron, à la suite du coup de force du 24 mai 2021, provoqueraient une certaine réaction. Eu égard à la situation sécuritaire préoccupante du Sahel, d’une part, et de l’autre, au rôle ô combien immense, dit-on, que les soldats de Paris jouent dans la stabilisation de l’ensemble de la région, on aurait même pu s’attendre à ce que des délégations des différents pays concernés se rendent illico presto en France, pour présenter des excuses. C’est en effet ce à quoi on a souvent habitué. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’y a rien de tout cela. Au contraire, des différents pays du Sahel, c’est même une impression de sérénité qu’on a tendance à déceler aux alentours des différents palais. C’est à croire que les uns et les autres n’ont pas du tout apprécié le ton condescendant de leur homologue parisien. Mais c’est surtout au Mali que cette étonnante lucidité est la plus manifeste

Assimi Goïta déroule son agenda

De loin, le plus concerné aussi bien par la crise sécuritaire que par les tonitruantes mises en garde d’Emmanuel Macron, le Mali fait le dos rond. Certes, on n’a pas ces déclarations fracassantes bâties autour d’un certain nationalisme. Mais on n’entend pas non plus quelqu’un faire part de sa préoccupation suite au retrait en perspective des soldats français. C’est le silence absolu. Ce qui est symptomatique d’une certaine maturité de la part de ceux qui sont aux affaires. Ceci étant, dans les faits, la junte malienne déroule son agenda, sans se préoccuper outre mesure de ce qu’en pense Paris. Ainsi, il y a une semaine jour pour jour, le colonel Assimi Goïta prêtait serment. Dans la foulée, il confirmait la nomination de Choguel Maïga, membre du M5-RFP au poste de premier ministre. Puis, cinq jours plus tard, ce dernier, à son tour, rendait publique la composition de son nouveau gouvernement. Gouvernement à l’intérieur duquel on retrouve un certain Sadio Camara au poste très stratégique du ministre de la Défense. Or, ce retour en soi symbolise la résistance de la junte malienne aux menaces de la France. En effet, c’est l’éviction notamment de ce colonel de l’armée, jugé proche de la Russie, qui avait provoqué la brouille entre le précédent président de la Transition, Bah N’Daw, et le colonel Assimi Goïta. Sauf qu’il n’y a pas que le colonel Sadio Camara qui ait fait son com back. Modibo Koné, lui aussi retourne dans le gouvernement. Même s’il ne retrouve pas le ministère de la Sécurité. Mais c’est un autre militaire, le colonel-major Daoud Aly Mohammedine, qui reprend ce département régalien.  Il en est de même pour les ministères de l’Administration et de la Réconciliation. Tous les deux sont coiffés par des militaires, sans doute proches du colonel président.

Menaces inefficaces

C’est dire que les menaces françaises n’ont pas pesé. Est-ce que parce que le Mali et les autres pays comptent sur un soutien de substitution ? Ou bien serait-ce parce qu’en fin le Sahel et l’Afrique ont décidé d’assumer comme il se doit leurs responsabilités dans la sécurité et la protection des citoyens ? Espérons que ce soit pour la seconde raison.

Boubacar Sanso BARRY

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