Classée patrimoine mondial de l’UNESCO, la forêt de Kakimbo est aujourd’hui menacée ! L’urbanisation sauvage de la zone environnante (Bambéto, Koloma et Kakimbo) reste l’une des causes de la destruction de cet espace qui s’étendait autrefois sur une superficie de 115 hectares.
La forêt de Kakimbo qui couvrait 115 hectares a été reconnue comme telle en 1946. Elle couvrait 115 hectares, protégeait 91 têtes de sources et une grotte. Les actions anthropiques et l’urbanisation rapide et incontrôlée de la capitale Conakry ont fini par réduire son espace à seulement une dizaine d’hectares, selon l’ONG Agir contre le réchauffement climatique (ACOREC).
Face à la menace de disparition qui guète cette forêt, ACOREC qui milite pour l’environnement juge qu’il est plus que temps de restaurer ce qui reste du couvert végétal. « Nous avons proposé un challenge qu’on a dénommé ‘Un anniversaire, un arbre’. On s’est dit à côté du gâteau, d’associer un arbre. Ce qui peut être utile pour la société et aussi pour la génération future. Depuis novembre 2018, nous invitons les citoyens à venir acheter non seulement le plant qui coûte 25 000 francs guinéens sur place mais aussi le repiquer », explique Abdoulaye Gonkou Bah, directeur exécutif de l’ONG ACOREC.
En invitant les citoyens de Conakry à planter des arbres dans la forêt, ses initiateurs souhaitent restaurer tout d’abord les hectares détruits. L’autre raison est la disponibilité sur place de pépiniéristes pour l’entretien des nouveaux plants. « Nous sommes en collaboration avec des pépiniéristes sur place qui entretiennent les plants parce qu’il ne s’agit pas seulement de planter. S’il n’y a pas de suivi, il n’est pas nécessaire de planter », précise Abdoulaye Gonkou Bah.
Cette activité de reboisement enclenchée en 2018, à travers ce challenge, a permis de mettre en terre plus de 3 000 plants, dont certains dans la forêt de Kakimbo.
En attendant, sur les 91 têtes de sources jadis présentes, il ne reste que deux, selon des investigations menées par certains responsables de la commune de Ratoma en collaboration avec l’ONG. « Nous n’avons trouvé que deux têtes de sources à ce niveau. Du côté de Bambéto, ces deux têtes de sources sont polluées par les eaux usées qui viennent des ménages », déplore cet amoureux de l’environnement.
Pour redonner à la forêt de Kakimbo sa grâce d’antan, Abdoulaye Gonkou Bah lance un appel aux autorités, mais aussi aux citoyens. « Les citoyens doivent savoir que la restauration de cette forêt ne dépend pas seulement de l’Etat. Chacun a sa part de contribution. Au gouvernement, c’est de faciliter l’accès aux plants parce qu’aujourd’hui il y a des citoyens qui nous disent que 25 000 francs guinéens, c’est trop cher. Nous demandons à l’Etat d’y veiller, parce qu’il y a toujours une section Eaux et Forêts communale, surtout faire une clôture pour protéger le reste de la forêt de l’autre côté de Kipé », demande-t-il en guise de conclusion.
Elisabeth Zézé Guilavogui