Ce centre de tri situé à la rentrée de l’hôpital régional de N’zérékoré permet de discerner les cas suspects de ceux qui ne le sont pas afin de les isoler pour des investigations médicales.
L’épidémie de la Maladie à Virus Ebola (MVE) a officiellement été déclarée par les autorités sanitaires guinéennes, le 15 février 2021. Pour limiter sa propagation, l’UNICEF a appuyé l’hôpital régional avec l’extension du hangar d’accueil des malades et la mise en place d’un centre de tri des malades en fonction des caractéristiques cliniques présentées par le patient.
Il etait question ici de rassurer les populations de la région, sur le fait que l’hôpital n’est pas un centre de contamination de la maladie, mais plutôt un lieu sûr.
A travers une visite guidée de Fatoumata Cissé , Coordinatrice du comité d’hygiène et de sécurité de l’hôpital régional de N’zérékoré, nous faisons nos premiers pas dans le centre de tri. A l’entrée, une véranda autrefois très exiguë, mais agrandie avec l’appui financier de l’UNICEF permet d’accueillir plus de personnes en sécurité avec la mise en place des mesures barrières contre la pandémie de COVID-19 et de la MVE ainsi que d’autres maladies à potentiel épidémique.
Au même endroit, l’on voit un dispositif de lavage des mains où toute personne doit se laver les mains avant d’accéder à la salle, et à la porte des agents de sécurité, thermos flashes en mains, prennent les températures.
Nous voilà à l’intérieur du centre de tri. Ici, des agents munis de fiches et séparés par une baie vitrée, interrogent le patient. Adama Camara, Infirmier d’Etat et agent du centre de tri, nous explique leur modus operandi « L’UNICEF nous a formés au système de tri des cas suspects à l’hôpital et en prévention et contrôle des infections en général et en particulier dans ce contexte de la MVE. Après cette formation, une fiche nous a été remise et sur la base des informations se trouvant sur cette fiche, nous posons des questions au malade. Si les réponses correspondent à la définition d’un cas suspect, nous l’isolons dans la salle d’isolement comprenant un lit, puis nous informons aussitôt l’équipe de surveillance pour mener des actions de sensibilisation afin de procéder au prélèvement grâce à l’appui des laborantins. Si le cas se révèle positif, nous informons l’équipe de prise en charge pour son transfert au CT-Epi. La formation réalisée par l’UNICEF dans ce contexte, nous a permis de renforcer nos capacités pour ce qui est du tri des malades à l’entrée de l’hôpital régional de N’Zérékoré, car avant cette formation, nous avions des difficultés pour faire correctement le tri des malades, entre notament les cas suspects et ceux qui ne le sont pas ».
Au terme de ces interrogations, le passage est accordé au malade soit pour le circuit du non-suspect pour sa consultation au service indiqué, soit le malade est isolé dans un endroit aménagé à cet effet pour la poursuite de l’investigation.
A l’endroit où sont admis les cas suspect, il y a un lit et des toilettes et une double sortie, celle du malade et c’est là que stationne l’ambulance pour amener le malade suspect et la sortie des agents investigateurs.
On y retrouve également un point d’eau fonctionnel et mis en place aussi avec l’appui financier de l’UNICEF.
Mais depuis le début de l’opérationnalisation du centre de tri, aucun cas n’a échappé aux agents pour se retrouver parmi les patients de l’hôpital régional souffrant d’autres pathologies, « dieu merci, depuis que ce centre de tri a ouvert ses portes, il n’y a pas eu de cas d’Ebola. Tous ceux qui sont passés par le centre de tri, ont été interceptés, envoyés au CT-Epi et testés positifs. Donc je chapeau à l’équipe, car je vois que la formation a porté ses fruits », se félicite Fatoumata Cissé Coordinatrice du comité d’hygiène et de sécurité de l’hôpital régional.
Ce centre de tri mis en place par l’UNICEF dès le début de l’épidémie Ebola a été un dispositif très important dans la protection des patients déjà alités à l’hôpital régional pour d’autres problèmes de santé. « L’apport de l’UNICEF en cette période de riposte contre Ebola est immense. Pour la petite histoire, dès que l’Etat guinéen a déclaré l’épidémie de la maladie à virus Ebola, c’est l’UNICEF qui a été le premier partenaire à nous apporter des outils de travail qui nous ont permis de rendre fonctionnel notre système de tri. C’est l’UNICEF qui a également débloqué la situation qui a permis à tout l’hôpital d’avoir de l’eau », témoigne Dr Kaba Kéita, Directeur de l’hôpital régional de N’zérékoré.
Cependant, le Comité d’hygiène et de sécurité de l’hôpital régional relève un problème d’intrants « Il nous manque des gangs et des thermo-flashs, car l’hôpital reçoit en moyenne par jour plus de 2000 personnes dont on doit obligatoirement contrôler la température ».
Pour l’heure, la machine semble bien huilée et le centre de tri fonctionne convenablement. Cette approche intégrée de riposte permet de mettre les patients de l’hôpital régional à l’abri, non seulement de la maladie à virus Ebola (MVE), mais aussi de la COVID-19.
Elle a aussi permis d’établir la confiance entre les malades et les agents de santé, le maintien et l’augmentation de la fréquentation pour la poursuite des activités des services essentiels existants, comme ceux liés à la santé des enfants, des mères, des nouveau-nés et la vaccination pour cette région en proie à une triple épidémie.
Saa Momory KOUNDOUNO