C’est un des points que l’on a retrouvés dans le compte-rendu du Conseil des ministres de ce jeudi 29 juillet. Celui selon lequel le président Alpha Condé a « déploré l’état des voiries urbaines de Conakry surtout en cette période hivernale ». Sur le fond, le chef de l’Etat n’a pas tort, car chacun peut facilement se faire une idée de l’état des routes à Conakry. Mais de la part du président de la République, la question est celle de savoir pourquoi c’est maintenant seulement qu’il établit ce diagnostic et surtout que préconise-t-il à la suite du constat ?
Intentions et promesses
De toute évidence, le président Alpha Condé n’a pas retenu la leçon. S’il veut, comme il le clame, imprimer la rupture à sa gouvernance, il lui faut sortir des incantations. Les belles intentions et les promesses mirobolantes, il nous en a servies le long des deux précédents mandats. Les actes, ce doit être le sceau du nouveau bail qu’il s’est octroyé. Mais sortir des constats, il en est manifestement incapable. Autrement, ce n’est pas à la fin de ce mois de juillet que lui qui promet de « Gouverner autrement » viendrait « déplorer l’état des voiries urbaines de Conakry ». En effet, il y a 5-6 mois, qui ne savait pas ce à quoi nous devions nous attendre en cette saison des pluies, pour ce qui est des routes à Conakry ? Personne. La question est plutôt celle de savoir ce que le président de la République et l’ensemble des services qui sont censés l’assister, avaient fait à l’époque pour éviter que les routes de la capitale guinéenne se retrouvent dans l’état dans lequel elles sont aujourd’hui ? Tous les ans, on en est rendu au même constat. Toutes les saisons pluvieuses riment avec des routes en lambeaux à Conakry. Et du « Gouverner autrement », on espérait justement qu’il en serait autrement cette année. Hélas !
Constats, constats et encore des constats !
L’autre chose qui ne change pas chez le président de la République, c’est sa tendance à s’en tenir au constat. Il constate, dénonce, fustige, rabroue…puis RIEN. Ainsi, à la suite du constat sur l’état calamiteux des routes dans la capitale, il se borne à « rappeler » que « les conditions et procédures de passation des contrats et de marchés dans le domaine des travaux publics (…) déterminent la qualité et durabilité des ouvrages réalisés ». Sérieusement, a-t-on besoin de rappeler cela à un ministre de la République ? Le décalage entre le constat et la solution est tel qu’on ne s’y retrouve pas. En effet, la logique aurait été que le président cherche à comprendre comment s’est-on retrouvé avec des routes dégradées en cette saison des pluies à Conakry ? Est-ce un manque d’anticipation ? Est-ce en raison de marchés mal exécutés ? Bref, une enquête en bonne et due forme pour comprendre, situer les responsabilités et éventuellement prononcer des sanctions. Le changement que le président promet ne peut advenir que de cette façon.
Boubacar Sanso BARRY