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DINGUIRAYE : accablée par la désapprobation populaire, elle enterre vivant son enfant ‘’adultérin’’

Le drame au cœur de l’article ci-dessous est illustratif du poids que continuent d’avoir certaines pesanteurs socioculturelles en Afrique. En effet, c’est pour échapper aux quolibets, critiques et regards désapprobateurs de son entourage que Hawa Diallo, âgée d’une vingtaine d’années et mère de deux enfants, a failli tuer son nouveau-né. Son mari ne reconnaissant pas le troisième enfant, elle était mise à l’index par la communauté et risquait même de ‘’perdre son foyer’’. En proie à cette insoutenable pression, elle s’est cachée pour accoucher avant d’enterrer précipitamment le bébé, vivant.  

Le drame s’est produit (ou a failli se produire) le lundi 9 août 2021, à Labéya dans la sous- préfecture de Banora, préfecture de Dinguiraye. Mais en réalité, selon les témoins contactés par le Djely, cela remonte à bien plus loin. Il y a d’abord eu ces brouilles récurrentes au sein du couple de Hawa Diallo. « Elle et son mari se disputaient tous les matins. Et quand nous avons cherché à comprendre le mobile de leur mésentente, on nous a dit que c’est le mari qui exigeait de la femme qu’elle sèvre son bébé – à l’époque âgé de moins d’un an – mais qu’elle refusait », nous relate un confrère originaire de la localité. Hawa ne cédant pas aux exigences de son époux, elle finit par aller passer un certain temps chez ses parents. Elle y passe exactement 5 mois. Et quand elle est revenue, constatant qu’elle était enceinte, son mari lui demande de s’expliquer. Elle lui rétorque qu’il était l’auteur. Celui-ci réfute avec véhémence et menace même de répudier Hawa. Mais avec la médiation communautaire, il finit par se calmer et consent même à ce que son épouse reste dans le foyer.

Il ne reconnait pour autant pas l’enfant que celle-ci porte. Ce qui fait que Hawa, tout en restant dans le foyer, continuait à être regardée de travers. Car même en l’absence d’une preuve matérielle – test ADN par exemple – tout le monde s’était rangé à la version de son mari. Elle était considérée comme une femme s’étant rendu coupable d’adultère et était traitée en conséquence. Aussi, quand, quatre mois après, elle est sur le point d’accoucher, elle n’en parle à personne. « C’était un lundi, dans les bandes de 4 heures du matin, Hawa s’est discrètement éloignée de la maison pour aller accoucher seule, d’un garçon », nous confie une source sous le sceau de l’anonymat. Puis, poursuit notre informateur : « Voulant se mettre à l’abri des moqueries, critiques et sarcasmes et pour sauver son foyer, elle a enterré vivant son nouveau-né ». Heureusement, pourrait-on dire, faisant les choses précipitamment, elle ne les fait bien. Ainsi, nous dit-on, la tête du bébé n’était pas entièrement recouverte par la terre. Et c’est à ce détail que le pauvre doit sa survie. Ceci étant, Hawa, elle, était tout aussi discrètement revenue à la maison. Et à celles qui, tôt le matin, remarquant que son ventre s’était affaissé, posaient des questions, elle répondait invariablement avoir fait une fausse couche durant la nuit. Explication peu convaincante, certes. Mais on s’en contentait sur le moment.

Seulement, plus tard dans la matinée de ce lundi, un berger du nom de Alimou Diallo s’amène dans la concession pour faire part d’une découverte plutôt inhabituelle. Alors qu’il conduisait son troupeau dans les environs, relate-t-il, il est tombé sur un bébé à moitié enterré. Son récit à peine terminé, tout le monde a pris la direction du lieu qu’il avait indiqué. Informé, le président du district a répercuté la nouvelle auprès du sous-préfet. Et c’est avec l’autorisation formelle des autorités locales que le bébé a été sorti de terre et conduit immédiatement au centre de santé pour des soins.

Hawa Diallo, elle, a été arrêtée pour tentative de meurtre sur un nouveau-né et transférée à la maison d’arrêt de Dinguiraye.

Le médecin pédiatre qui s’occupe du bébé, après les premiers soins, a recommandé qu’il soit nourri au lait maternel toutes les 3 heures. Justement, le mercredi 11 août, l’époux de Hawa est passé voir le juge Fulbert Aimé Sagno, déjà saisi du dossier, pour lui demander l’autorisation d’apporter le bébé auprès de sa maman afin que cette dernière puisse l’allaiter. Plutôt étonné, le juge lui pose la question. « Quand il est venu chez moi pour solliciter l’autorisation d’avoir l’enfant, je lui ai demandé s’il aimait cet enfant alors qu’il l’a renié depuis qu’il était dans le ventre de sa mère », nous confie le juge.

Hawa Diallo devrait, selon Fulbert Aimé Sagno, rester en détention pour des fin d’enquêtes en attendant la programmation de son procès. Pour le moment, l’enfant se trouve avec sa grand-mère maternelle.

Mariama Ciré Diallo

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