Remontés, les motards ont tout de suite décidé de ne pas aller plus loin, en cessant de desservir la zone. A 7h déjà, dans le quartier, pas un seul motard avec le gilet de taxi moto n’était visible. Les rares jeunes sans ou avec gilets qui s’aventuraient ne vont pas loin. Ils sont arrêtés par leurs pairs au carrefour de Kassognah, où ces taximètres se sont assemblés. Pas question de passer en provenance de Kassognah pour le KM36 ou même dans le sens contraire. Ceux qui tentaient de contrer ce blocage était stoppé net et envahi jusqu’à ce qu’il fasse descendre le passager sans récupérer son dû, au risque de se le voir retirer par ses collègues.
Sur la cause de cette indignation collective, Abdoul Karim Konaté, un des leurs, explique la situation. « Les femmes de Kassognah se sont mobilisées pour barrer le pont, qu’il n’y a pas de passage. C’était vers 6h40 du matin et d’autres même détenaient des cailloux en main. Ils m’ont dit que c’est parce que notre transport est cher (moto-taxi, ndlr) (…) A mon retour, j’ai trouvé que la route était complètement barrée (…) On a augmenté parce que l’état de la route n’est pas bon et il y a l’augmentation du prix du carburant (…) Les femmes se sont révoltées pour nous demander de réduire le tarif du transport (…) Finalement, elles ont décidé de lever le blocus de la route. Mais le mardi à venir, si elles voient que le transport reste toujours maintenu au prix actuel qu’elles vont recommencer la grève et demander aux motards de rester à KM36 », a-t-il expliqué.
Plus tard dans la matinée, la circulation a repris grâce à l’implication du sous-préfet de Manéah et du chef de quartier de Kassognah ainsi que la contribution du syndicat des transporteurs. Pour trouver une solution, une réunion a été convoqué le mercredi avec la présidente des femmes de Kassognah, les membres du syndicat et les autorités locales. « Nous avons discuté et conclu certaines choses. Nous allons encore nous rencontrer. Aux femmes aussi, nous avons demandé pardon. C’est pour leurs peines que nous discutons afin de trouver une solution », a déclaré Naby Laye Moussa Bangoura, vice-président du syndicat des motos taxis de Manéah.
La rencontre qui s’est poursuivie ce jeudi n’a pas permis de trouver un accord. Le syndicat pour sa part a depuis hier fait une proposition de tarifs, n’allant pas au-dessus de 6 000 francs guinéens pour la zone la plus éloignée desservie par les motards. En attendant que la proposition soit validée ou pas, il se retrouveront à nouveau demain vendredi pour trouver un terrain d’entente.
Élisabeth Zézé Guilavogui