Dans cette autre réflexion, Tall Madina, notre chroniqueuse du vendredi par ailleurs du concept ”Nouvel Afrique-Nouvelle génération”, s’en prend avec ironie à certaines pratiques des Etats africains qui les font ressembler à des narco-Etats. Pas que parce qu’ils dealent de la drogue. Mais parce que dans le mécanisme d’accaparement et de prise d’otage des ressources qui reviennent normalement à tout le monde, ils usent des mêmes stratégies qu’un certain Pablo Escobar. Mais le plus préoccupant, c’est que ces pratiques dilapidatrices et aux antipodes de l’intérêt général et du bien commun, ne sont point combattues comme il aurait fallu. Car elles sont institutionnalisées et rendues normales.
Sans peut-être le savoir, l’Afrique doit être réputée pour regorger de célèbres Pablo Escobar qui, pour la circonstance se font passer pour des saint-bernards.
On entend que L’État est la victime des criminels, organisés souvent en groupes qui pillent l’État par certaines activités illégales comme la vente de drogue et organes humains, le blanchiment d’argent, les détournements de fonds… Ce n’est pas totalement vrai.
En effet, les pratiques politiques et économiques en Afrique mettent à nu aujourd’hui un concept nouveau de mafia ou certains États deviennent les maitres du jeu et les chefs de cartel. Et dans nos États autoproclamés démocratiques, cette Mafia est la 1ère institution de l’État.
Ainsi, l’État constitué en mafia n’est plus le cœur du système de contrôle et d’éradication des manœuvres frauduleuses et illégales. Il a évolué pour devenir un prestataire de services d’intérêts économiques, politiques et sociaux connu auprès d’une clientèle soigneusement sélectionnée : les proches, les alliés et souvent quelques ennemis confus mais utiles, les gouvernants, certains citoyens et les partenaires.
Ces derniers sont les mains fantômes de nos pays qui se servent dans les derniers publics et sont les premiers bénéficiaires et les grands détenteurs de la chose publique. Loin des cartels légalement constitués mais illégalement fonctionnels et opérationnels, les Escobar du 21 e siècle usent de plus d’un stratagème. On passe d’une sorte de corruption institutionnalisée et népotisme bientôt légalisé et devenue la norme à la création de groupes dont le seul but est de servir et d’assoupir les intérêts de l’élite dirigeante.
Ce réseau d’influence est tel qu’une confusion s’installe entre l’État et les criminels.
Mais dans les rapports de complémentarités et de collaborations entre les criminels et l’État – mafia pour la défense de leurs intérêts respectifs, est-il légitime de remettre en cause l’hypothèse du financement et des pots-de-vin de certaines milices, mercenaires, cartels par l’État et inversement dans le but de certaines protections, allègements de prescriptions, couverture diplomatique, passation de marchés … ?
Cependant, dans ce monde où les dupes existent de moins en moins et que le silence n’est plus un secret, les bruits de couloir ont fait tomber beaucoup de gangsters en costumes et cravates.
Ne vous fiez pas aux apparences !
Comme l’a dit Nietzsche « …L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids. Il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : moi l’État, je suis le peuple ».
Tall Madina