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COVID-19 : les tenanciers de motels n’en peuvent plus

L’impact de la Covid-19 et notamment des restrictions qu’elle draine dans son sillage sur les activités économiques ne relève pas d’une chimère. Il se traduit même en une dure réalité pour le secteur des loisirs (restaurant, bars, hôtels, discothèques, motels, etc.). Un reporter du Djely s’en est particulièrement rendu compte en faisant un tour dans deux motels situés dans les environs de la capitale Conakry. Devant composer avec une clientèle de plus en plus rare, les tenanciers ne sont pas par endroit à l’abri d’abus de la part des forces de l’ordre.

Ce mercredi 1er septembre, il est 17 heures au Royal’s Motel de Solima, à Sanoyah dans la préfecture de Coyah. Dehors, les clients se comptent du bout du doigt. Et même parmi ceux qui sont affalés sur les chaises, beaucoup sont venus pour regarder le match Guinée-Bissau/Guinée, un match comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2022. Ce qui explique qu’il y en a très peu encore qui passent commande. Il s’y ajoute que « quasiment toutes les chambres de passage sont vides », nous dit le tenancier, Sivily, plutôt résigné. Du côté du restaurant, ajoute-t-il : « nous n’avons enregistré qu’une seule commande depuis le matin ».

« La période est dure », résume le gestionnaire. Surtout si on met en rapport ce contexte fait de restrictions avec les charges à assumer. Ainsi, pour le mois d’août qui vient de finir, Sivily avoue devoir à ses fournisseurs une dette « de plus de 15 millions GNF, sans compter le salaire de mes gérants que je n’ai pas encore payé. Et cette crise, il l’impute entièrement à la Covid-19 et à l’état d’urgence qu’elle a imposé. « Avant, on veillait de 8 heures à 1 heures du matin, mais maintenant, c’est de 11 heures à 21 heures », note-t-il en effet. De fait, les clients, de peur de se retrouver dans les filets de la police et de se faire rançonner à l’occasion, veillent particulièrement à se conformer aux horaires du couvre-feu. Mais pour Sivily, cela se traduit par un insoutenable stress en cette période de fin de mois. « Le paiement de mes gérants tarde, or je ne peux renvoyer personne pourtant (…) c’est une période vraiment éprouvante pour nous », se lamente-t-il.

Et ce sont les mêmes complaintes de la part de cette autre tenancière du ‘’Sandia’’, un espace de loisirs logé au cœur des Grands Moulins, à Dubréka. Un espace qui comprend un night-club, des chambres de passage et un restaurant. Mais il ne fonctionne qu’à mi-temps, seulement la soirée.  La discothèque et le restaurant à peine rénovés devront en effet attendre la levée du couvre-feu pour à nouveau accueillir du monde.  Pour le moment, Angèle, la tenancière ne peut compter que sur un petit bar américain qu’elle a aménagé.

 « C’est le bar qu’on a arrangé en dancing pour le moment », explique-t-elle. Et même là, les jeunes sont plutôt méfiants. « Pour les encourager, il faut parfois la présence d’un client en tenue ». Tant qu’un homme en tenue est dans les parages, ils se disent qu’ils ne peuvent pas risquer une descente policière. Et pour la pauvre Angèle, tout cet environnement est de plus en plus pesant. « C’est difficile de payer le salaire de mes trois gérants, le loyer, les factures d’eau et d’électricité et de continuer les travaux pour entretenir le site », explique-t-elle. Tellement compliqué qu’à la différence de Sivily, elle consent à renvoyer un de ses gérants pour « un mois au moins ».

Le contexte est si pénible qu’au ralentissement de leurs activités, les acteurs du secteur des loisirs doivent également faire face aux abus des forces de sécurité et à la tendance qu’ont ces dernières à leur extorquer de l’argent. Ainsi, le gérant principal de Solima raconte avoir été embarqué par les forces de l’ordre lors d’une descente chez lui, une heure avant l’heure de début du couvre-feu. Pour sa libération, son responsable avait dû verser une rondelette somme. Aussi, il appelle à veiller à ce que les interventions policières ne se fassent vraiment qu’au-delà de 22 heures. En tout cas, il réitère que les « temps sont vraiment durs pour nous pères de famille en ce moment ».

Elisabeth Zézé Guilavogui

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