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Un trou de plusieurs milliards mis en évidence à la mairie de Matam

Il n’y a décidément pas qu’au niveau de l’administration publique, que la gestion mérite d’être examinée à la loupe. Dans de nombreuses collectivités locales également, les maires et les leurs collègues ont des choses à se reprocher et dont ils devraient logiquement rendre compte. C’est du reste ce que nous apprend un rapport de l’Inspection générale des finances – en date d’octobre dernier – portant sur la commune de Matam. Se penchant sur l’administration de cette grande commune de la capitale guinéenne sur la période 2018-2020, la mission d’inspection a mis en évidence de nombreux dysfonctionnement, avec à la clé un manque-à-gagner de plusieurs milliards de francs guinéens. Des montants que le conseil communal est sommé de rembourser.

Du rapport de l’inspection générale des finances que nous avons pu consulter, il ressort plusieurs dysfonctionnements dans la gestion de la commune de Matam. Ainsi, ceux qui l’ont rédigé pointent le « non-respect de la périodicité trimestrielle des sessions ordinaires, des délais d’adoption et d’approbation du budget et des comptes administratifs et de gestion ». Ils dénoncent également la « substitution des commissions techniques de travail aux services de gestion de la commune ». L’administration de la mairie est également épinglée pour la « faiblesse des dispositifs de contrôle interne ». Et même, dans la gestion des ressources de la communes, le rapport flétrit une grosse confusion entre le budget de fonctionnement et celui d’investissement. « La commune ne respecte pas la règle de prélèvement de 60 % sur les recettes de fonctionnement pour financer l’investissement. Ce taux de prélèvement est inférieur à 30 % », indiquent à ce sujet les rapporteurs de l’inspection des finances.

Et bien sûr, ces manquements ont rejailli sur la gestion des ressources de la commune. C’est ainsi que les rapporteurs font état de recettes estimées 1 515 121 608 GNF n’ayant pas été reversées dans le compte de la commune. Des recettes qui se répartissent entre des recettes fiscales pour plus 280 millions GNF, des redevances domaniales pour près de 230 millions GNF et en droits de place de marché et de location, pour environ 905 millions GNF. En outre, l’inspection des finances relève une créance de 173 millions GNF sur la CNTG, dans le cadre de la convention portant sur la gestion des droits de stationnement des véhicules à moteur. Le rapport mentionne également un montant de 924 805 000 GNF de « dépenses exécutées sans base légale ». Enfin, il est question du « non acquittement des prélèvements forfaitaires pour un manque à gagner au profit du budget de l’Etat de 193 462 029 GNF ».

Il se trouve cependant que jusqu’à tout récemment, à l’exception du maire et de quelques conseillers qui lui sont fidèles, le conseil n’était nullement informé du contenu de ce rapport. Ils en ignoraient jusqu’à son existence. « Il a fallu l’interpellation du ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, qui nous a convoqués le lundi passé, qui était d’ailleurs étonné de savoir que les conseillers n’étaient pas au courant de l’existence dudit rapport », déclarait à ce sujet Youssouf Camara, lui-même conseiller communal, par ailleurs rapporteur de la commission Economie finances. S’exprimant chez nos confrères de Djoma médias, dans l’émission ‘’On refait le monde’’ précisément, il avouait s’être heurté au « refus systématique du maire et du secrétaire général de mettre à disposition le rapport ».

Estimant qu’au regard du scandale qui l’accable aujourd’hui, le conseil communal de Matam mériterait d’être dissout pour être remplacé par une délégation spéciale, fait lui-même d’autres révélations. Ainsi, dit-il, au cours de l’exercice 2019, notamment en décembre, il a été demandé au maire d’apporter la justification de l’utilisation d’un recouvrement de 1 milliard 997 millions GNF. « C’est là que le clash a commencé. L’explication qu’on nous a donné, en l’absence des pièces justificatives, a été de nous dire que tout le montant a été utilisé », dit-il. Par ailleurs, poursuit-il : « Des premiers administrateurs et chefs percepteurs (que nous avons nommés à notre arrivé, il y a Monsieur Silva du marché Avaria qui a fui avec des recettes de six mois ». Pourtant, selon lui, des propositions avaient été faites pour prévenir les malversations dont il aujourd’hui question. C’est ainsi que dit-il : « Lors de notre première plénière, nous avons proposé que la commission Ecofinance soit mise en copie des versements qui se font au niveau de la receveuse communale, pour une question de vérification de la performance des agents recouvreurs et des administrateurs de marché ». Mais il s’empresse d’ajouter aussitôt : « Cela n’a jamais été exécuté ».

Il convient de préciser que le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, se conformant en cela aux recommandations de l’Inspection générale des finances, a exigé le remboursement intégral des montants. A défaut, Mory Condé dit ne pas exclure le déclenchement d’une procédure judiciaire.

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