Le gouvernement guinéen a procédé ce mercredi 15 décembre 2021 à la signature de son engagement pour accéder au partenariat mondial afin de mettre fin aux violences faites aux femmes et aux enfants. La cérémonie a été présidée par le Premier ministre Mohamed Beavogui et a réuni dans un réceptif hôtelier de Conakry plusieurs membres du gouvernement, des partenaires techniques et financiers, la présidente du Parlement des enfants, et des membres du Club des jeunes filles leaders de Guinée.
Le Chef du gouvernement estime que la Guinée a vécu des tragédies inacceptables ces derniers temps. Et cela, dit-il, contre les filles du pays. « C’est à la limite la barbarie ! Donc ce que nous faisons aujourd’hui, c’est de dire que ça doit s’arrêter, la ligne rouge est dépassée », a déclaré à cette occasion Mohamed Béavogui.
Pour parvenir à mettre fin à ces violences à l’égard des enfants, Mohamed Beavogui donne des directives à suivre et lance parallèlement un appel à l’endroit des partenaires au développement. « Il faut certainement d’abord informer, éduquer et ensuite punir. Je crois que c’est sur ces trois points que nous devons tous travailler pour que ça s’arrête. Je voudrais remercier nos partenaires au développement et leur dire de nous aider à ce que ce pays soit l’exemple dans le monde (…) Je compte vraiment sur eux pour que nous soyons l’exemple dans ces combats. Je voudrais que la signature de ces engagements soit le début d’une nouvelle lutte plus forte » contre ces phénomènes, a-t-il ajouté.
En plus du taux anormalement élevé des mutilations génitales féminine en Guinée (plus de 94,5%) et celui relatif au mariage d’enfants (estimé à 46,4%), l’Office de protection du genre et des mœurs (OPROGEM) a, courant 2021, enregistré 230 cas de viols, selon la ministre de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables. « Il y a lieu de déplorer malheureusement le décès de deux fillettes par cycle de viol à Kankan et Labé. C’est l’occasion pour moi de lancer un appel à tous acteurs du domaine de l’enfant et de la femme, notamment les partenaires au développement, les services de sécurité de la justice et les communauté afin d’envisager avec détermination des actions vigoureuses pour la prévention et la répression des cas de viol et toute autre forme de violence à l’égard des enfants et des femmes », a déclaré pour sa part Aïcha Nanette Conté.
Poursuivant, elle a rassuré que son département mettra tout en œuvre pour assurer à tous les enfants et femmes de Guinée la pleine jouissance de leurs droits dans un élan de solidarité nationale. « Dans cette dynamique, je réitère de nouveau l’engagement de mon département à poursuivre les réformes dans le cadre du renforcement du système national de protection de l’enfant et de la femme à travers des collaborations stratégiques avec l’ensemble des partenaires. Je tiens également à encourager nos partenaires techniques et financiers, notamment l’UNICEF, l’UNFPA, Plan International Guinée, à poursuivre leur appui pour la promotion et la protection de l’enfant », a ajouté la ministre Conté.
Selon la directrice exécutive du Club des jeunes filles leaders de Guinée, ces engagements viennent encore une fois mettre un accent particulier sur les besoins fondamentaux que réclament les victimes des violences faites aux femmes et aux enfants. « C’est vraiment des engagements salutaires qui, on l’espère, vont nous aider dans l’exercice de nos actions sur le terrain mais aussi dans l’accompagnement des organisations de la société civile. Donc, le gouvernement a l’obligation comme il l’a signalé à travers les engagements d’accompagner les victimes de violences faites aux femmes et aux enfants. J’espère qu’on va se compléter, travailler ensemble et impacter positivement. Nous allons faire le devoir de mettre un mécanisme de suivi pour amener le gouvernement à respecter les engagements », a indiqué Kadiatou Konaté.
Les partenaires techniques et financiers présents à la cérémonie à savoir le Système des Nations-Unies, précisément l’UNFPA et l’UNICEF, ainsi que Plan International Guinée et les autres ont félicité le gouvernement guinéen pour ses efforts contre ces pratiques. Ils espèrent que cet engagement pris par la Guinée fera écho et marquera d’une pierre blanche le nouveau combat social contre ces phénomènes.
Par la même occasion, Vincent Martin, le représentant du Système des Nations-Unies en Guinée, a qualifié l’engagement du gouvernement de « courageux » et de « très innovant ». « Je pense que c’est une grande première d’avoir cet engagement signé sur cette problématique. Je vais les féliciter pour cet acte lourd de responsabilité. C’est un engagement qui est pris aujourd’hui et qu’il faudra honorer chaque jour de l’année pour que l’année prochaine quand on se retrouvera, qu’on puisse faire le bilan de ce qui a été accompli et de ce que nous avons réussi à faire », a lancé le diplomate onusien.
Tout comme le Système des Nations-Unies, les autres partenaires ont réaffirmé leur engagement total à accompagner la Guinée dans cette noble lutte.
Mariama Ciré Diallo