Du 25 novembre au 11 décembre 2021 se tient la campagne des 16 jours d’activisme. L’objectif vise à dénoncer et à sensibiliser les citoyens sur les violences faites aux femmes. Cette année, plusieurs cas de violences ont été recensé notamment un ayant conduit à la mort d’une dame.
Pour certaines activistes, la persistance du viol s’explique par l’impunité. C’est du moins l’avis de Hassatou Lamarana Bah, journaliste, écrivaine et activiste. « Justice n’est pas rendue. On est en train d’appréhender les présumés auteurs de viols mais nous voyons qu’il n’y a pas de suite dans certains dossiers. Dans le cas du viol par exemple, tant qu’un homme qui est appréhendé dans ce sens ne sert pas d’exemple, on assistera toujours à des cas de violences», a-t-elle expliqué.
Pour Kadiatou Konaté, Directrice exécutive du club des jeunes filles leaders de Guinée (CJFLG), ceci n’est pas un paradoxe surtout que les 16 jours d’activisme ont été institutionnalisés pour dénoncer et encourager la population à s’intéresser à la question et à s’impliquer davantage. « Je pense que c’est ce qui a été fait parce que de plus en plus, il y a énormément de personnes qui ont dénoncé, de plus en plus de sensibilisation qui ont été faites dans les communautés afin d’encourager la dénonciation et l’implication de la communauté dans la lutte. C’est ce qui nous a montré combien de fois il y a énormément de violence qui se passent en off, mais qu’on ne montre pas de manière plus ouverte, donc c’est ce système qui a changé un peu », a déclaré l’activiste.
Sur cette question de dénonciation, le dossier de M’mah Sylla a pu avoir énormément d’impact car il aura touché la perception des gens selon Konaté Kadiatou. « Cela a encouragé énormément de personnes à aller vers la dénonciation vu l’ampleur que le dossier a pris, vu le fait que les gens se sont intéressés, ont formé des blocs autour de la question. Il y a des familles qui ont vu la nécessité maintenant de s’impliquer et de dénoncer », a-t-elle précisé.
Pour éradiquer ces violences faites aux femmes, Hassatou Lamarana mise sur l’application des textes et lois. « J’invite les nouvelles autorités à aider cette couche vulnérable parce qu’une femme qui n’est pas épanouie ne peut pas penser à son développement personnel. Il faut vraiment qu’ils pensent à y mettre fin en faisant respecter nos textes et lois qui sanctionnent et qu’il y ait justice », a-t-elle fait savoir.
La directrice du Club tout en abondant dans le même sens conseille aussi l’instauration d’un système d’accompagnement, d’appui, de dénonciation et de jugement des dossiers de viols ou de violences faites aux filles et aux femmes. « On ignore beaucoup l’aspect communautaire, les communications communautaires, les communicateurs traditionnels, ainsi de suite. Si on parvient à amener les communicateurs traditionnels avec nous dans les initiatives de terrain, à sensibiliser, à communiquer, à utiliser l’art vocal pour échanger dans la société, on estime en fait que ça peut énormément impacter. Il y a aussi l’implication des leaders communautaires en passant par les chefs de quartiers, les autorités locales et tout. C’est très important parce que très souvent, les chefs de quartiers sont les premiers à demander pardon ou à camoufler les dossiers. Si on parvient à les mettre de notre côté pour eux même aller sur le terrain échanger, veiller sur tout ce qui se passe dans le quartier, ça pourra énormément aider. L’idée vraiment ce que toutes les parties prenantes s’intéressent à ce qu’on fait et chacun joue son rôle. Il faut que chacun fasse son travail pour que ça soit complémentaire et pour qu’on puisse avoir le résultat escompté mais pour le moment, il faut appliquer la loi », a-t-elle recommandé.
Elisabeth Zézé Guilavogui