Après quelques mois d’entente relative, les grandes contradictions commencent à émerger entre la junte du CNRD et la classe politique guinéenne. Au nombre des points de friction, la mise en place du CNT qui semble trainer aux yeux des acteurs politiques, mais aussi le choix des nouvelles autorités de laisser le soin au CNT de déterminer la durée de la Transition. Si, dans son discours de nouvel an, le colonel Mamadi Doumbouya a réitéré le fait que ce sera au Conseil national de Transition de déterminer la durée, ce n’est pas l’avis de Jacques Gbonimy, président de l’UPG et vice-président de l’ANAD. Cet acteur politique à qui la rédaction de Ledjely.com a tendu le micro en marge de la rencontre de la classe politique au siège de l’UFDG estime que c’est aux forces vives en concertation avec le CNRD de déterminer la durée de la Transition.
“Nous pensons qu’il ne revient pas au CNT de décider du délai de la transition, mais plutôt aux forces vives et au CNRD”, confie Jacques Gbonimy. Disant se référer aux autres situations où il y a eu des coups d’Etat, il note que c’est souvent aux auteurs du coup de force de proposer une durée dans la foulée de leur prise de pouvoir. Si en Guinée, les choses n’ont pas été faites de cette façon, il pense qu’un dialogue devrait être mis en place pour aider à déterminer cette durée. Mais en définitive, il estime qu’il “ revient vraiment aux forces vives de parler de ce délai”.
Se prononçant également sur l’autorisation accordée par les autorités à l’ancien président Alpha Condé de sortir du pays pour des raisons de santé, il invite le CNRD à “être très prudent par rapport au cas Alpha Condé”. En tout cas, c’est avec des “pincettes” qu’il dit prendre l’engagement de la CEDEAO de ramener l’ancien chef de l’Etat en Guinée. Le scepticisme du leader politique étant décuplé par des informations selon lesquelles à l’issue de son séjour médical en Turquie, Alpha Condé devrait rallier Brazzaville, chez son ami Denis Sassou Nguesso. Or, pour Jacques Gbonimy, c’est fondamental qu’Alpha Condé “revienne dans notre pays parce qu’il est Guinéen comme nous. Et s’il doit être jugé, ce sera sur le territoire guinéen, mais pas ailleurs”.
Balla Yombouno