D’une certaine façon, la crise qui a récemment conduit à la révocation de la ministre de la Justice et des Droits de l’homme a exposé sur la place publique, les relations difficiles entre la présidence de la République et le gouvernement de Mohamed Béavogui. Des relations difficiles qui, à en croire l’activiste des droits de l’homme, Mamady Kaba, résultent d’une mauvaise appréciation du contexte qui prévaut par les membres du gouvernement. L’équipe de Mohamed Béavogui pécherait en particulier par le fait de s’imaginer que les règles qui s’appliquent dans un régime normal sont applicables en période de transition. Qui plus est, une transition pilotée par des militaires. C’est cela le fond du problème, estime-t-il.
Se prononçant sur la crise qui a conduit au limogeage de Me Fatoumata Yarie Soumah, désormais ex-ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Mamady Kaba, président de la Ligue pour les droits et la démocratie en Afrique (LIDDA) trouve que la crise ne provient des courriers que l’ex-ministre a échangés avec le ministre secrétaire général de la présidence de la République. Ces courriers n’ont été, à ses yeux, que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Ce courrier ne justifie pas cette crise qui en a résulté. Probablement, le courrier a trouvé la ministre dans une prédisposition psychologique défavorable et c’est ce qui l’a poussée à avoir une réaction disproportionnée », estime l’analyste.
Mais au-delà de cet incident, Mamady Kaba pense que ce sont les relations entre le gouvernement et la présidence de la République qu’il convient de repenser. Et pour cela, c’est au gouvernement, estime-t-il de revoir ses ambitions. En effet, s’il préconise que chacun s’en tient à ses prérogatives, c’est davantage à Mohamed Béavogui à ses collaborateurs qu’il invite à demeurer réalistes. « Le gouvernement pense que le pays doit fonctionner comme en temps normal, c’est-à-dire que le gouvernement, les prérogatives, les moyens, les ambitions des gouvernements en temps normaux doivent être les mêmes que ceux d’un gouvernement de transition. C’est cette ambition-là qui va influencer négativement la transition », explique Mamady Kaba
Ceci étant, il recommande au président Mamadi Doumbouya de « faire en sorte que les relations avec le gouvernement soient les meilleures possibles. Qu’il y ait plus de communication, plus de dialogues et que les missions soient bien cadrées », suggère-t-il. Au gouvernement, quant à lui, Mamady Kaba l’invite à « se percevoir comme un moyen de faire en sorte que la transition ne perdure pas et que le retour à l’ordre constitutionnel se fasse vite dans les meilleures conditions ».
Mariama Ciré Diallo