Charles Wright, le procureur général près de la Cour d’appel de Conakry, a, au cours d’une conférence de presse qu’il animée ce vendredi 21 janvier 2022, annoncé des possibles poursuites judiciaires contre les entreprises appartenant à l’ancien intendant de la Présidence de la République sous le régime d’Alpha Condé, Kabinet Sylla, dit Bill Gates (photo). En effet, de la communication du chef de l’accusation, il apparaît clairement que des forts soupçons de détournements de fonds publics et de corruption pèsent sur Djoma Group et ses filiales dont Djoma SA.
Interrogé à ce sujet par nos confrères Djoma TV, appartenant à M. Sylla, Me Joachim Belimou, l’un des avocats de Djoma Group s’est exprimé sur cette sortie du procureur général près de la cour d’appel de Conakry.
Pour lui, Charles Wright est au-delà de ce qu’il doit faire. Il accuse, en fait, le procureur général près de la Cour d’appel de Conakry d’avoir violé toutes les dispositions légales de la procédure en dévoilant, par voie médiatique, les détails des comptes bancaires qui, selon lui, devraient être placés sous le secret bancaire. « La loi bancaire en Guinée, notamment dans son article 43 permet aux autorités judiciaires d’avoir des éléments concernant un compte bancaire mais dans le cadre strict d’une procédure qui est en cours », a expliqué l’avocat. « Or, a-t-il précisé, à date, aucune procédure engagée contre Djoma Group n’est en cours devant les tribunaux ».
Ce n’est pas tout. Me Belimou a aussi dénoncé une « importante » violation de la procédure dans cette sortie de Charles Wright, qui est le refus d’accorder la présomption d’innocence aux sociétés Djoma. « Aujourd’hui, ces éléments sont sur les réseaux sociaux et dans tous les médias. Ce qui va au-delà de la présomption d’innocence. Aujourd’hui, Djoma Group et Djoma SA sont passés devant le public comme coupables des faits alors qu’ils ne sont même pas encore convoqués à fortiori informés des charges articulées à leur encontre », s’est-il insurgé, rappelant que l’article préliminaire du Code de procédure pénale dit que toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant que sa forfaiture n’est pas encore établie conformément à la loi.
Selon l’avocat de Djoma Group, la seule voie légale qui peut permettre au procureur général d’informer le public de l’évolution d’une telle procédure, c’est l’article 8 du Code de procédure pénale qui, dit-il, permet d’éviter une propagation de l’information parcellaire ou inexacte. « Mais là aussi, c’est sur des éléments objectifs tirés de la procédure et qui ne comporte aucune appréciation sur le bien-fondé des charges. Or à l’état, aucune charge n’a été articulée contre Djoma dans sa globalité » a dénoncé Me Belimou, avant de confier qu’à cette allure il craint que « les juges ne fassent un jugement expéditif ».
Pour conclure, il a annoncé que son client n’exclut pas d’engager toute procédure appropriée qui « viserait à sauvegarder ses intérêts et ses droits, surtout assurer vraiment sa crédibilité ».
Aliou Nasterlin