La presse écrite est en voie d’extinction en Guinée. Parce que ne réussissant pas à se sortir de la crise dans laquelle elle s’est retrouvée à l’avènement des médias en ligne. Jadis sources d’informations fiables et diversifiées, aujourd’hui elle a tendance à disparaître. Parce que n’arrivant pas s’adaptant au contexte d’internet et des TIC.
Justement, c’est cette incapacité à s’adapter que pointe Mouctar Diallo, Administrateur général du journal l’Observateur. Partisan de la pluralité, il déplore le manque d’accompagnement « nécessaire pour les journaux papiers ». En effet, selon lui, vu qu’avec « l’avènement des nouveaux médias, la presse écrite n’a pas le monopole sur l’information factuelle, cette dernière devrait plutôt se réorienter vers les dossiers d’investigation ». Or, qui dit investigation, dit ressources relativement conséquentes. Des ressources que l’hebdomadaire de Mouctar n’a pas. D’ailleurs, dit-il, L’Observateur « ne vit que des rares pubs qu’il gagne et aussi les rares fois qu’il est invité pour des publi-reportages ».
Il n’y a pas que les patrons de presse qui soient peinés par la perspective de la disparition de la presse écrite. Jean-François Tolno, lui aussi, le vit mal. D’autant qu’il est de ceux qui demeurent convaincus qu’une information qui n’ait pas été donnée par un journal de la presse écrite n’est pas crédible. « Je lis plusieurs journaux de la place et je m’informe à travers ces journaux par rapport à nos débats politiques en Guinée. Dans les conditions normales il est mieux de s’informer par les journaux de la presse écrite, parce que qu’ils informent mieux que l’internet », confie Jean-François. Qui impute la décadence de la presse écrite guinéenne à l’avènement des nouvelles technologies et la libéralisation du secteur de l’audiovisuel
Ibrahima Bah lui aussi regrette les périodes fastes pour la presse écrite guinéenne. Vendeur de journaux, il en vivait. Mais depuis qu’internet s’est généralisé et que les gens peuvent s’informer via les sites, il a vu ses ventes dégringoler. « Ce qui fait que le journal ne marche pas aujourd’hui, c’est que tout est sur internet », dit-il. Il se rappelle en particulier avec un brin de nostalgie comment les journaux marchaient dans le sillage de mutinerie des 2 et 3 février 1996. Dans le sillage de ces événements qui avaient failli emporter le général Lansana Conté, dit-il, « j’écoulais au moins 1000 exemplaires de L’Indépendant, 1000 du Lynx et 1000 de L’Observateur ». Mais aujourd’hui, le total de journaux vendus par jour ne dépasse guère 20 exemplaires. Or, la commission reversée au vendeur n’est que de 500 GNF, pour l’exemplaire vendu à 3000 GNF.
Aïcha Touré