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PUTSCHS MILITAIRES EN AFRIQUE DE L’OUEST : des certitudes et des interrogations

Le 18 août 2020, ce qui est convenu d’appeler le bal des coups d’État, dans la région ouest africaine, est ouvert au Mali. Ce 24 janvier 2022, c’est au Burkina Faso qu’un président en cours de mandat est déposé par la soldatesque. Entre-temps, il y a eu l’épisode de la Guinée, en septembre 2021. Ces trois coups d’Etat, dans des pays de la même sous-région, inquiètent et interrogent même les experts en géostratégie politique.

Ce que nous savons 

Trois colonels ont porté ces différents putschs, tous quadragénaires (Assimi GOITA, 38 ans, Mamadi DOUMBOUYA, 42 ans et Paul-Henri DAMIBA, 41 ans), formés dans de grandes écoles militaires essentiellement en France, l’ancienne métropole. A la tête d’unités de leurs armées parmi les plus équipées et entrainées, portées sur la lutte contre le terrorisme.

Nés donc après les indépendances de leurs pays, ils ne sont pas de la vieille garde des officiers qui portent à bout de bras les régimes corrompus à la vitrine démocratique que l’Afrique connaît. Différents de ces Généraux de salon, ce sont manifestement des hommes de terrain, de « fronts » qui sont passés à l’action après les signaux alarmants non éteints par les Présidents déchus.

Si les crises sécuritaires sont invoquées comme raison première pour les cas du Mali et du Burkina, il faut bien avouer que dans les trois pays, le malaise social était profond. Une crise socio-économique empoignait les populations.

Tout d’abord au Mali, avec un Chef d’Etat réélu pour un second et dernier mandat, qui faisait face à une crise sécuritaire qui s’enlisait, sans que ne pointe le moindre espoir pour les populations, lassées et désespérées. Des manifestations de rue ont sonné le rappel pour changer de cap, dialoguer et poser un garrot sur le malaise social. Le Président IBK a apporté des réponses ternes et pas à la hauteur de la volonté populaire. Ce qui devait arriver, arriva. Il sera déchu et vivra de remords jusqu’à sa mort récente.

En Guinée, un président avec deux mandats échus a voulu rester advitam aeternam au pouvoir. La recette miracle, modifier la constitution pour s’autoriser autant de mandats, voulus par le peuple…c’est toujours le peuple qui a demandé. Au sortir de son bras de fer, long et meurtrier avec les forces politiques et sociales du pays, le réveil fut brutal. La crise socio-économique ne pouvait être masquée. Le tissu social effrité. Le quotidien des Guinéens devenait incommodant chaque jour. Se sentant fort et imbattable, Alpha Condé ne fera pas de l’apaisement social sa priorité. Les contradictions au sein de son appareil de gouvernance se faisaient jour et le 5 septembre passé, il fut cueilli comme un fruit mûr, sans presqu’aucune résistance.

Roch KABORE est celui des trois qui a vraisemblablement bénéficié de plus de sursis. Des alertes, il en a reçu avec comme seules et mêmes réponses, des nominations au sein de son gouvernement et de l’appareil sécuritaire. Les attaques des jihadistes endeuillaient le pays, sa réponse se limitait à des déclarations et promesses. Comme s’il était las de gouverner le pays, son régime vacillait sans qu’il ne s’offre la moindre porte de sortie honorable.

Des interrogations sur les inconnus

Tout de même, peu d’informations sur ces officiers même dans les médias occidentaux, nantis de moyens et de réseaux pour dénicher les confidences (les scoops), surtout quand il s’agit des chefs africains. On ne parle que de leurs parcours militaires, mais presque rien sur d’autres facettes de leurs personnalités. Sont-ils autant introvertis et prudents au point de ne pas laisser assez de traces ? De ne pas vouloir faire parler d’eux ?

Des coups d’Etat au nez et à la barbe des Généraux de leurs armées respectives. En Guinée, Doumbouya dans la foulée de son coup réussi enverra 44 de ces hauts gradés à la retraite. Pour qui connaît l’histoire de l’intrusion des militaires dans les affaires d’Etat en Afrique, on est en droit de se demander, quel(s) est/sont le (s) parrain (s) ? Ceci d’autant que ces derniers temps, la sous-région est le théâtre du jeu de (re)positionnement des puissances étrangères.

Le 8 octobre 2021, Emmanuel MACRON avait réuni une belle brochette d’acteurs des sociétés civiles et politiques de l’Afrique. « Des jeunes qui seront des acteurs essentiels de la relation dans les prochaines décennies » disait-on dans les milieux diplomatiques français. Un inédit sommet France-Afrique sans les chefs d’Etats du continent comme d’habitude. Sous le sceau de la refondation de la relation avec l’Afrique, le Président Macron se disait à l’écoute des jeunes du continent pour rompre avec les méthodes de la « Franceafrique ». Un coup de pied dans la fourmilière en quelque sorte.

Les interpellations des jeunes invités tournaient toutes autour du respect des peuples africains. Sans fioritures, ces jeunes avaient osé dénoncer les réseaux obscurs qui brouillent les relations d’Etats voulus par les populations africaines. Y mettre fin serait le début d’un partenariat sans a priori.

Est-ce le top départ avec ces coups d’Etat ?

M.S.SOW

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