Broyer divers condiments, du gingembre ou encore du poisson, tel est le travail de Gueladio Diallo depuis une trentaine d’années. Aujourd’hui âgé de plus de 70 ans, il ne se livre plus à cette activité de gaieté de cœur. D’autant qu’il est également privé de l’usage de ses membres inférieurs. Mais les impératifs d’entretien de son épouse et de leurs quatre enfants ne laissent pas le choix au vieil homme qui passe la journée à tourner la machine usée au marché de Kiroty.
« J’ai fait toute sorte de travaux, mais j’ai finalement opté pour celui-ci. Avec ça je nourris mes enfants et paye leur école. Quand nous sommes malades, nous trouvons de quoi nous soigner et acheter nos médicaments », explique avec beaucoup de lucidité Gueladio Diallo, sans se détacher de son activité. Depuis quelques années, son épouse Djoumayatou Baldé, a fait le choix de se joindre à lui. Elle a fini par réaliser que l’âge et le statut physique de son mari requièrent cette solidarité de sa part. « Avant, je me promenais dans le quartier pour vendre des boulettes de poisson, mais j’ai arrêté pour aider mon mari. Ce travail est très épuisant et demande beaucoup d’effort. Avec le temps mon mari a pris de l’âge, surtout qu’il a du mal à marcher. Donc, je viens l’aider le matin jusqu’à midi et après je rentre faire la cuisine »
Gueladio lui-même de l’effort que son travail lui demande. Il a également conscience qu’avec son âge, il devrait désormais reposer son frêle corps. Mais en raison de son devoir de chef de famille, il ne peut s’offrir aucun répit. « C’est vrai que je ne suis pas bien portant, en plus je ne suis plus aussi vigoureux pour faire ce genre de travail. Mais je ne peux pas laisser mes enfants et ma femme dans le besoin. Je dois travailler », dit-il le plus naturellement possible.
Guéladio Diallo, sa femme et leurs 4 enfants habitent à l’arrière du marché de Kiroty dans un petit magasin qu’ils ont transformé en chambre à coucher. Un espace qu’ils louent à 300 000 GNF par mois. Au-delà de l’entretien de sa famille, le vieil homme n’a qu’un ultime rêve : parachever sa maison d’une chambre et un salon dont il a commencé la construction il y a près de 10 ans, à Dubréka.
Asmaou Diallo