M’mah Labass Sylla est l’une des nombreuses guinéennes victimes d’excision. Les conséquences de cette pratique vécue dans son enfance, elle les subit jusqu’à présent.
Elle l’a particulièrement compris quand elle attendait son premier bébé. « Les conséquences de cette excision que j’ai subie depuis mon enfance continue de jouer sur ma santé, assure-t-elle. La premier fois que j’ai été a l’hôpital pour une consultation, le médecin m’a alertée sur le risque de complications qui pourrait survenir pendant mon accouchement car mon excision s’était très mal passée ».
Arrivée au terme de sa grossesse, M’mah Labass Sylla se rend à l’hôpital pour l’accouchement avec l’espoir que tout irait bien. « Le médecin m’a suivi pendant les neuf mois, mais le jour de l’accouchement j’ai eu beaucoup de problèmes », explique-t-elle, ajoutant : « J’ai beaucoup saigné et j’ai fait un coma pendant 3 jours. Quand je me suis réveillée, je ne pouvais même pas marcher. Finalement, il m’a dit que je ne devrais pas avoir plus de 3 enfants au risque de perdre ma vie ».
Existe-t-il réellement un lien entre l’excision et les complications lors de l’accouchement ?
Pour y répondre, nous avons rencontré le docteur Aboubacar Soumah, médecin gynécologue-obstétricien. Selon lui, le lien existe bel et bien entre ces deux. « Quand on fait une ablation partielle ou une ablation totale du clitoris, ça veut dire que la partie est fibrose. Si celui qui fait l’accouchement n’est pas expérimenté, et ne fait pas l’épisiotomie, il peut y avoir une remonté de l’incision anormale vers la partie clitoridienne. Si la femme qui accouche n’est pas prise en charge rapidement, elle risque d’en mourir. Car l’artère clitoridienne saigne beaucoup », explique le spécialiste.
Suite à son expérience douloureuse, M’mah Labass Sylla lutte désormais de toutes ses forces pour l’abandon des mutilations génitales féminines, afin de protéger les futures générations de filles et de femmes.
Asmaou Diallo