A Conakry, dans de nombreux quartiers, c’est avec la peur au ventre que les habitants voient arriver la saison des pluies. Ce, en raison des risques d’inondation résultant d’une urbanisation sauvage, illustrée par l’absence des canaux d’évacuation des eaux de ruissèlement. Et c’est exactement, cette appréhension qui habite les habitants de Foula Madina, quartier situé dans la haute banlieue de Conakry. Pour prévenir ce qu’ils risquent de vivre pour les trois prochains mois, les jeunes du quartier ont notamment sollicité l’appui de la mairie pour ouvrir les canaux bouchés par les déchets. En vain.
A Foula Madina, l’expression « nid-de-poule » est inappropriée pour décrire l’état de la route ou plutôt ce qu’il en reste. De ce côté, les nids qui tapissent la voie peuvent valablement accueillir des éléphants. Et bien sûr, quand ces trous sont gorgés d’eaux boueuses, cela n’est pas sans risques pour les populations en général et les enfants en particulier. Pour Mamadou Mouctar Diallo, les conséquences de l’inondation de la route se traduisent en arrêt activité. Père de famille, c’est avec l’exploitation de son taxi qu’il nourrit sa maisonnée. Seulement, « quand il pleut, dit-il, cette ruelle se transforme en une rivière que ma voiture ne peut pas traverser. Et quand je force la situation, elle s’éteint ». Et Mouctar sait bien de quoi il parle, vu que l’année passée, il avait dû interrompre ses activités des jours durant.
Pourtant, la route n’a pas toujours été aussi dégradée. « Le problème c’est que les canaux d’évacuation ne sont pas suffisants, et ceux qui existent sont bouchés », expliquent un citoyen. Qui, poursuivant, précise : « Toute l’eau se déverse donc sur la route. Or, c’est la seule route pour entrer et sortir du quartier ».
Le conseil des jeunes de Foula Madina aura pour sa part consacré une bonne partie de la saison sèche à mener des démarches pour prévenir ou limiter le calvaire. Mamoudou Kanté, son président et son équipe ont ainsi déposé un devis des travaux nécessaires à la mairie de Ratoma. Mais ils attendent toujours. « Un expert a fait un devis de 6 milliards GNF », glisse Kanté. Un montant qui doit servir à faire des caniveaux et 3 petits ponts. « La pluie fait déjà dégâts dans plusieurs quartiers. Et nous voulons éviter la même chose », dit le président du conseil des jeunes, sous forme de plaidoyer. Mais de toute évidence, il y a très peu de chance que son cri de cœur soit entendu.
Asmaou Diallo