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GUINEE : notre sens moral collectif face à tant de violences dans notre pays

L’expression d’une liberté publique a encore fait des victimes en Guinée. La récente manifestation appelée par la société civile a endeuillé de nombreuses familles et fait d’innombrables dégâts matériels. Face à ce déchaînement de violences, il est temps que les Guinéens que nous sommes regardions en face notre responsabilité collective et abandonner les postures arrogantes qui nous font perdre la raison.

Ceux-là qui développent l’argumentaire selon lequel « on envoie les enfants à la mort » en référence aux victimes pendant les manifestations, endossent un point de vue inhumain dénué de tout sens de responsabilité. C’est considéré d’une part que les citoyens qui manifestent sont des chairs à canon, et voir en les forces de l’ordre des bouchers ayant la gâchette facile d’autre part.

Pour les tenants d’un tel raisonnement simpliste et dangereux, pour éviter des victimes, il faudrait s’asseoir sur les principes réagissant toute société démocratique dont le droit à la liberté d’expression. L’article 8 de la Charte de la transition rappelle qu’« aucune situation d’exception ou d’urgence ne doit justifier les violations des droits humains ».

Autant, je déplorais hier les victimes sous le régime déchu, autant il faut faire de même sous ce régime de transition en appelant à situer les causes profondes d’un cycle infernal sans fin de violence dans notre pays.

Hier les victimes de manifestations étaient des innocentes personnes tuées par un État violent, aujourd’hui ce sont des criminels et des enfants drogués, manipulés qui doivent être mis hors d’état de nuire. Ce n’est rien d’autre que de la peine de mort décidée dans les rues. Où se situe-t-elle la cohérence ? Quel sens moral donnons-nous à notre engagement citoyen ?

La responsabilité première d’un État est de protéger la vie. Quand il y a des vies arrachées, la responsabilité incombe à L’Etat car il a échoué. On ne peut pas s’en dérober par des artifices et par un discours simpliste.

Ceux-là qui criaient hier à la violation des droits de l’homme et qui se confondent à la situation actuelle, vous devriez vous ressaisir. Ceux-là qui n’étaient jamais avares en expression grandiloquente et qui ne trouvaient pas assez de mots durs contre l’ancien régime sont les premiers aujourd’hui à trouver des circonstances atténuantes à la situation actuelle. Reprenez-vous pendant qu’il est encore temps et aidez le nouveau régime à se rappeler de ses promesses à l’aube de la prise du pouvoir car le jugement de l’histoire est sévère et implacable. La conscience de tout le monde est interpellée : Etat, parents, acteurs politiques et civils, jeunesse.

L’impartialité n’est pas la simple neutralité, qui consisterait à ne jamais trancher. Elle n’interdit pas de prendre parti. Elle commande de juger sans parti pris.

Jean Jaurès nous disait : « le courage cela reste d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; de chercher la vérité et de la dire ; de ne pas faire écho aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques ».

Alexandre Naïny BERETE,

Juriste

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