Les élèves guinéens reprendront le chemin de l’école à partir du 25 septembre prochain, après 3 mois de vacances. A quelques semaines de cette date, les parents d’élèves et les encadreurs s’activent pour une reprise réussie de part et d’autre. Le reporter du Djely a interrogé des responsables d’établissements et des parents d’élèves dans le quartier Simbay 1, relevant de la commune de Gbessia. Il en ressort que les préoccupations sont plutôt divergentes.
On n’en pas toujours conscience, mais la rentrée scolaire suppose aussi une certaine préparation de la part des responsables des établissements scolaires. Ainsi, quand notre reporter l’a abordé, Mohamed Ibrahima Diallo, fondateur de l’école Hadja Hassanatou Bah, a confié : « Nous somme à 65 % des travaux de préparation. On a plafonné les salles, on continue avec l’installation des ventilateurs. Comme il pleut, nous allons attendre pour la peinture. On parie que d’ici le 25 septembre, tout rentrera dans l’ordre ». N’étant encore qu’à 40 % des mêmes travaux, le Directeur général du groupe scolaire Kakandé, lui, est légèrement en retard. « Parce que nous étions en cours de vacances que nous venons de terminer. Nous sommes aussi en chantier, mais nous pouvons boucler les travaux d’ici le 25 septembre », assure néanmoins Abdoulaye Manet.
Coté parents d’élèves, entre les fournitures scolaires rendues inabordables par un contexte économique peu reluisant et la hausse quasi-systématique des frais de scolarité, on ne sait pas où donner de la tête. « J’ai quatre enfants à scolariser et ce n’est pas facile, parce que chaque année, il y a un peu d’augmentation. Mon premier enfant fait la terminale, il faut qu’on paye 3 000 000 GNF par an. Encore que ce n’est là que ma propre estimation, vu que je n’ai pas encore récupéré la fiche de renseignements. Pour mon deuxième enfant, je paie 130 000 GNF/mois. Pour les deux autres enfants qui fréquentent l’école franco-guinéenne, je dois verser la somme de 6 000 000 GNF pour la première tranche. Tandis que l’année dernière, je n’ai payé que 4 500 000 GNF pour chacun des enfants, comparativement à cette année où je dois payer 10 000 000 GNF, sans compter les fournitures scolaires et la cantine qui est de 20 000 GNF/jour », égrène sur le ton de la complainte Mme Diawara Fatoumata Touré.
Fait rarissime cependant, Mamet Touré, mère de deux élèves, a une drôle de chance. Elle déboursera moins cette année pour la scolarisation de ses enfants. L’année passée, pour son garçon qui faisait le CP1, elle avait déboursé 1 500 000 GNF. Le même, passé en CP2, va nécessiter de sa part le versement de 1 090 000 GNF, cette année. Bien sûr, elle jubile.
Mariama Camara, mère de 5 écoliers n’en est pas à ce niveau d’abord. La mère de famille en est plutôt à se demander dans quelle école envoyer ses enfants. « L’école que mes enfants fréquentaient est en chantier. On me dit que les travaux pourraient finir d’ici le 25 septembre. Mais si tel n’est pas le cas, je serai dans l’obligation de chercher d’autres écoles pour mes enfants », confie-t-elle.
D’une certaine façon, Laye Camara, mécanicien de profession et père de famille, a fait son choix. Ses enfants n’iront pas à l’école le 25 septembre. Conjoncture économique difficile oblige, dit-il. « Mes enfants ne pourrons pas reprendre les cours le 25 septembre. Avec l’augmentation des frais de scolarité, le coût des fournitures scolaires, etc… je pense qu’ils vont devoir attendre le mois prochain. Ça me fait très mal à l’idée de penser que mes trois enfants vont pas reprendre les cours comme les autres, mais je n’ai pas le choix », lâche-t-il, la voix nouée par un début d’émotion.
Pourtant, quand on reproche aux fondateurs des écoles l’augmentation des frais de scolarité, ils se défendent plutôt avec leurs arguments. « Le monde évolue et nous devrions améliorer les conditions de vie de nos enseignants et l’école à des charges aussi », répond ainsi Abdoulaye Manet. « L’année dernière, j’étais à 125 000 GNF de la 1ère à la 5ème année, cette année vu l’augmentation que je veux accorder à mon personnel, j’ai ajouté 10 000 GNF. Ce qui fait 135 000 GNF », renchérit Mohamed Ibrahim Diallo, du groupe scolaire Hadja Hassanatou Bah.
Pour faire montre de bonne foi, les deux encadreurs relèvent d’ailleurs qu’ils n’imposent pas aux parents d’élèves qu’ils s’approvisionnent en uniforme ou en fournitures scolaires au niveau de leurs écoles respectives, comme c’est le cas dans certains établissements privés de la place. « Les parents n’ont pas les mêmes moyens. Nous les écoles privées, on n’a pas à exiger ça. D’ailleurs, la tenue que tous les élèves guinéens doivent porter a été définie par l’Etat ainsi que les couleurs. C’est aux parents d’acheter et d’aller voir le tailleur de leur choix, à condition qu’ils respectent les normes vestimentaires, comme le département de tutelle l’exige », rappelle tout juste Mohamed Ibrahima Diallo.
« Nous avons notre uniforme au niveau de la maternelle, on exige tout juste que les parents viennent voir le modèle. Pour la confection, ils peuvent le faire à la maison tout en respectant le modèle », indique Manet, de son côté.
Globalement, les parents d’élèves que nous avons rencontrés confirment ces affirmations. « Les écoles ne nous exigent pas les fournitures scolaires et la tenue. Pour mes deux derniers enfants, l’école nous propose les fournitures scolaires, mais ce n’est pas obligatoire. Mais je fais le choix personnel de les acheter là-bas, parce que c’est de la bonne qualité », reconnait Mme Diawara Fatoumata Touré.
Djenaba Mara
