À quelques jours de la clôture des activités du projet régional et d’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel en Guinée (SWEDD), une mission mixte composée des différents départements impliqués dans la mise en œuvre et de la Banque mondiale est en tournée dans les zones d’intervention du projet. Cette équipe mixte était dans la région administrative de Kankan pour s’enquérir des acquis du projet et déceler des stratégies pour pérenniser les résultats obtenus, ceci pour le bien-être des populations bénéficiaires.
Après deux années d’intervention du projet SWEDD sur le terrain, l’heure est à l’évaluation des acquis engrangés un peu partout. À Kankan, les missionnaires ont pris temps nécessaire pour écouter les acteurs de mise en œuvre, les autorités locales et les citoyens bénéficiaires. La démarche qui se veut inclusive est un moment de partage d’expériences pour mieux pérenniser l’ensemble des acquis du SWEDD.
« Nous sommes sur le terrain avec l’équipe de la Banque mondiale, bailleur principal, l’unité de gestion du projet, les ministères sectoriels et le ministère du Plan et de la coopération qui préside le comité national de pilotage pour observer les réalisations », dit le représentant du ministre. « Le constat révèle un résultat prometteur, quasiment satisfaisant et nous pensons que ces résultats permettent à la Guinée de se positionner favorablement pour un SWEDD plus », a déclaré le secrétaire général du ministère du Plan et de la coopération internationale.
Pour Kabélè Soumah, le projet dans ses différentes composantes a atteint ses objectifs. « Dans la région de Kankan, on a rencontré les femmes mentors dans les espaces sûrs, vu les dispositifs de lutte contre les VBG installés et aujourd’hui, sur la base des réalisations faites par les comités locaux de médiation, on peut se dire que les VBG sont sur le recul dans la région », fait-il remarquer.
« On a vu les femmes, on les a senti heureuses au regard des plates-formes multifonctionnelles mises à leurs dispositions pour diminuer les tâches quotidiennes. On a écouté les clubs de maris et de futurs maris, car il faut impliquer les auteurs des VBG pour lutter contre ces pratiques », dit-il, avant d’ajouter qu’en comparaison avec d’autres pays, « on peut dire que les résultats obtenus doivent nous permettre et nous l’espérons d’être admis à SWEDD plus afin de l’étendre sur tout le pays », s’est félicité Kabélè Soumah.
Des visites de terrain ont été effectuées dans les établissements scolaires, les centres d’apprentissage des métiers et des localités. Partout où la mission a été reçue, les citoyens ont témoigné de leur volonté pour la pérennisation du projet SWEDD en Guinée.
« On a travaillé avec beaucoup de projets, mais ce qu’on a vu avec SWEDD est une première, car les autres projets nous donnaient à manger, mais SWEDD nous a appris à pêcher. Aujourd’hui, on est en mesure de dupliquer tous les acquis au niveau local. L’autonomisation de nos femmes a pris de l’envol et on souhaite que les activités se poursuivent pour toucher le plus grand effectif de notre communauté, car les changements vus sont sans commentaires », a soutenu M’bany Sidibé, membre de la délégation spéciale de Batè Nafigui.
Dans cette commune rurale située à 35 kilomètres de Kankan, les femmes et filles étaient victimes de plusieurs violences basées sur le genre. Et depuis le démarrage des interventions communautaires du projet SWEDD avec les séances de sensibilisations des structures locales installées, les résultats sont flatteurs, comme le témoigne Kadiatou Diané, mère de famille. « Avant, nos maris nous frappaient et s’occupaient peu de nous. Mais avec le club des maris et futurs maris installé et leurs actions sur le terrain, beaucoup de nos époux ont positivement changé. On ne frappe plus comme avant, ils nous aident dans certaines tâches comme le transport des fagots de bois et autres. Nous voulons vraiment que ce projet continue et cela va vraiment nous faire plaisir », soutient-elle.
Après ce périple dans les structures d’intervention du projet SWEDD, Djenab Konkobo Kouanda, chargée de projets de santé au niveau du bureau de la Banque mondiale de la Guinée, se dit satisfaite des activités réalisées sur le terrain.
« D’une façon générale, la mission a été satisfaite des résultats engrangés sur le terrain, surtout vu les défis connus avant le démarrage des activités communautaires ». En moins de six mois d’exécution des activités communautaires et au regard de ce temps court, poursuit-elle, « on peut dire que certains résultats ont été atteints. En termes d’évaluation, on peut dire que 80 % des activités ont été exécutées », a-t-elle indiqué.
« Ensemble, avec la communauté, le gouvernement, on va décider des actions à mener pour la pérennité des acquis du projet », plaide-t-elle. Selon la responsable chargée de projets de santé au niveau du bureau de la Banque mondiale de la Guinée, « ce projet a prouvé que les interventions coordonnées peuvent permettre d’autonomiser cette frange importante de la population et assurer le développement économique du pays ». C’est pourquoi, invite Djenab Konkobo Kouanda « Nous voulons vraiment inviter le gouvernement à poursuivre les actions initiées par ce projet, mais également à le renforcer avec d’autres actions », ajoute-t-elle.
En attendant l’admission de la Guinée à SWEDD Plus, les regards sont désormais tournés vers l’État guinéen et les communautés dans le cadre de la pérennisation des acquis du projet SWEDD.
Michel Yaradouno, depuis Kankan
