La sortie, chez nos confrères d’Africa 24, du président de la Commission de la CEDEAO a manifestement fait mal aux autorités guinéennes. En tout cas, ce jeudi 19 mai 2022, le porte-parole du gouvernement et celui de la présidence de la République, respectivement, Ousmane Gaoual Diallo et colonel Amara Camara, se sont mis ensemble pour répondre à Jean-Claude Brou Kassi. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas été tendres. Ils s’accordent notamment sur le fait que l’ancien ministre ivoirien n’est surtout pas le mieux indiqué pour donner de leçon à la Guinée.
C’’est d’abord Ousmane Gaoual Diallo qui a réagi au rejet du chronogramme de 36 mois par le président de la Commission de la CEDEO. Le porte-parole du gouvernement fait part à la fois de sa surprise et de sa déception. « Nous on a été surpris, même déçus d’une certaine manière par cette prise de parole d’un responsable dans cette institution ouest-africaine. En temps normal, monsieur Brou se prononce après la conférence des chefs d’Etat dont il porte la parole, dont il traduit les décisions pour l’opinion publique. (Or), là il s’est permis de faire un commentaire avant même que les chefs d’Etat ne puissent se réunir ».
Rappelant le communiqué que la CEDEAO a récemment publié à la suite d’une doléance que le ministre des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté, lui avait soumise, Ousmane Gaoual Diallo poursuit : « Nous nous avions reçu comme information que la CEDEAO allait dépêcher en Guinée une commission qui allait être à l’écoute des autorités, à l’écoute des partis politiques, à l’écoute de la société civile pour prendre en compte le contexte Guinée. Et voilà (qu’il) se prononce sur ce qui devrait être la réponse de la CEDEAO. Nous, jusqu’à preuve de contraire, nous attendons ». Le ministre de l’Urbanisme assure au passage que la Guinée fera des « efforts nécessaires pour que nos positions et le contexte guinéen soient pris en compte et que les chefs d’Etat, le moment venu, puissent tenir compte de ce facteur là pour se prononcer dans l’accompagnement ». Car, il admet que la Guinée « a besoin d’être accompagnée par la CEDEAO, par l’Union africaine, par les instances internationales pour la sortie de cette transition ». Toutefois, nuance-t-il : « Cela se fait aussi en respectant un certain nombre de prérogatives ».
Revenant à la sortie de Jean-Claude Kassi Brou, il insiste : « C’est une déclaration que nous avons tous suivie et qui a été mal perçue. (…) Nous sommes surpris de cette sortie de Kassi Brou. (Surtout qu’il) n’est pas exempte de reproche dans la situation de la Guinée, il le sait pertinemment ».
Abondant dans le même sens, le colonel Amara Camara, ministre secrétaire général à la présidence de la République, par ailleurs porte-parole de cette dernière, commence par mettre en garde contre les sorties empreintes de passion. « Souvent, quand on est dans la passion, on se trompe de cible. Il est qu’à même important à un certain niveau de responsabilité, de dépassionner le débat et aller dans le sens de la responsabilité. Nous sommes dans une transition qui mérite beaucoup d’attention et cette attention voudrait que nous fassions attention à tout ce que nous pouvons dire et à tout ce que nous pouvons faire », déclare-t-il de manière quelque peu énigmatique, dans un premier temps. Puis, abordant spécifiquement la sortie du président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), il martèle : « Je ne pense pas, à mon humble avis, qu’il soit la bonne personne pour donner cette leçon à la Guinée ».
Balla Yombouno
