La Guinée, à l’instar d’autres nations du monde, a célébré ce mercredi 22 mars 2023 la journée internationale de l’eau. Une occasion pour les acteurs de faire le diagnostic de la problématique de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Si la Guinée est considérée comme le château d’eau de l’Afrique de l’ouest, en raison des nombreux cours d’eau qui y prennent leurs sources, avant de servir d’autres pays voisins, il se trouve toutefois que plusieurs ménages guinéens ont toujours des difficultés à accéder à cette ressource vitale, y compris dans la capitale guinéenne.
Célébrée depuis 1993, la journée mondiale de l’eau de cette année a pour thème : « accélérer le changement ». Un thème qui s’applique si particulièrement à la Guinée qu’à l’occasion d’une journée porte-ouverte qu’elle a organisée le mardi 21 mars dernier, la Direction générale de la Société des eaux de Guinée (SEG) révélait que dans le cas de Conakry, la capacité de production de la société est de 150 000 m3 d’eau par jour, alors que les besoins sont estimés à 400 000 m3 par jour. Soit un déficit de 250 000 m3. Pour les autres villes du pays, on peut aisément imaginer le calvaire.
En guise d’illustration du déficit que le pays connait en matière d’accès à l’eau potable, il faut dire dans plusieurs quartiers de Conakry, les robinets sont à sec depuis des années. C’est le cas notamment dans le secteur Nassouroulaye, dans le quartier Cosa, dans la Commune de Ratoma. « On ne connaît pas l’eau de robinet ici dans ce quartier. Depuis plusieurs années, nous n’avons pas vu d’eau à la pompe », témoigne Algassimou Baldé, qui réside dans le secteur. Dans son environnement, poursuit-il : « C’est le forage qu’on connaît. C’est grâce à cela que les citoyens ont de l’eau potable. Si quelqu’un a l’eau de pompe c’est qu’il a tiré un tuyau de l’autre côté du quartier », ajoute-t-il, non sans amertume.
Pour Abdoulaye Barry, la situation n’est pas aussi désespérée. De son robinet, il y a parfois de l’eau. Mais il déplore le fameux tour-tour qui fait qu’il n’a l’eau que 3 jours sur 7. « Il y a de l’eau à la pompe mais ce n’est pas fréquent. Tantôt c’est la nuit pendant que l’on dort, tantôt c’est dans la journée », explique-t-il.
Dans un Tweet, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres a déploré le fait que ‘’le monde est terriblement loin d’atteindre son objectif d’eau et d’assainissement pour tous d’ici 2030’’. Concrètement, poursuit le patron des Nations unies : « Des milliards de personnes n’ont toujours ni de toilettes, ni eau potable ». Mais António Guterres ne veut céder ni au désespoir, ni au fatalisme. « Nous pouvons tous faire quelque chose pour accélérer le changement », indique dans sa déclaration, le secrétaire général des Nations unies.
Par ailleurs, selon l’UNICEF, ‘’1,42 milliard de personnes dans le monde – dont 450 millions d’enfants – vivent dans des zones où la vulnérabilité à l’eau est élevée, voire extrêmement élevée. Et environ 2,2 milliards de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à une eau potable contrôlée en toute sécurité, dont 785 millions ne disposent pas de services d’eau potable de base. Le tout étant aggravé par le changement climatique’’.
En Guinée, le nouveau management à la tête de la SEG déploie quelques efforts pour relever les défis. Mais il se heurte au faible investissement dans le secteur de l’eau. Investissement d’autant plus nécessaire que les infrastructures, même là où elles existent sont vétustes, parce que vieilles d’au moins une quarantaine d’années.
Siby N’famoussa
