5 septembre 2021-5 septembre 2024, cela fait 3 ans jour pour jour depuis l’arrivée au pouvoir des tombeurs d’Alpha Condé. Trois ans de gestion de la Guinée dont les acteurs sociopolitiques de N’zérékoré ne dressent pas nécessairement le même bilan.
Du côté des politiques, de manière générale et de la part de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), en particulier, on épingle la junte pour mauvaise gestion, recul de la démocratie et arrestations arbitraires. « J’avoue que le bilan que je dresse est négatif. Parce que tout simplement, le peuple de Guinée a été trompé. Aujourd’hui, faire une fête pour célébrer la prise du pouvoir par le CNRD de Mamadi Doumbouya, je pense que cela reviendrait à fêter un recul tout simplement de la démocratie dans notre pays, le déni de l’Etat de droit et les violations des droits humains, etc. », se lance Mamadou Maladho Diaouné, en charge des Affaires électorales de la Fédération UFDG en région forestière. Qui, à l’appui de son appréciation, rappelle qu’on est sans nouvelles de Foniké Menguè et Billo Bah et qu’au cours des trois dernières années, on a assisté à l’interdiction des manifestations, alors que des responsables politiques sont obligés de fuir le pays et que des médias sont fermés.
Mathieu Manamou, lui aussi est d’accord que tout n’a pas été rose. Cependant, il identifie des acquis à mettre à l’actif du CNRD. « Sur le plan économique, le 4 septembre 2021, avant le coup d’Etat, 1 euro s’échangeait à 13 000 GNF. Mais il y a de cela deux ans que le taux de change de l’euro tourne autour de 9000 GNF. Ça veut dire qu’on a la maîtrise de l’inflation. Par ailleurs, il y a 3 ans, la Guinée n’a pas enregistré un conflit d’envergure entre les différentes sensibilités ethniques du pays. Un dernier aspect à applaudir, c’est l’avènement du méga projet Simandou, c’est vraiment une bonne chose qu’il faut soutenir », exhorte le président préfectoral des Organisations de la société civile de N’zérékoré.
Néanmoins, Manamou, lui aussi, identifie bien des secteurs dans lesquels les militaires n’ont pas particulièrement brillé dans leur gestion du pays. « A leur arrivée au pouvoir, ils avaient dit que la justice serait la boussole qui orientera tous les Guinéens, mais il y a un manque de cohérence à ce niveau. Car cette justice n’a pas servi de boussole encore. La même justice d’avant le 5 septembre 2021 est demeurée. Elle est gangrenée par la corruption. Par ailleurs, beaucoup d’administrateurs sont médiocres et il y a les arrestations arbitraires. De l’autre côté, on sent la volonté du CNRD de se maintenir au pouvoir. Car c’est ce qui se traduit par les manifestations de soutien qu’organisent les artistes et d’autre citoyens. Je peux dire que ces initiatives peuvent ne pas venir du général Mamadi Doumbouya lui-même, mais plutôt des affamés du pouvoir qui en font du business. Mais avec ça, on est en train de fabriquer un autre Mamadi Doumbouya, différent de celui qui avait des ambitions nobles au lendemain du 5 septembre 2021 », estime l’activiste de la société civile.
Niouma Lazare Kamano, correspondant régional pour Ledjely.com
