Le drame survenu au stade de N’Zérékoré lors de la finale du tournoi doté du trophée « Général Mamady Doumbouya » a plongé la Guinée dans le deuil. Une bousculade tragique a coûté la vie à 56 personnes, laissant plusieurs blessés et un pays en proie à des interrogations sur les responsabilités derrière cette catastrophe. À Conakry, les réactions ne se sont pas fait attendre. Des citoyens interrogés par notre rédaction ce lundi 2 décembre dénoncent plusieurs manquements.
Ce qui devait être une fête sportive s’est transformée en une tragédie nationale. La foule, trop dense dans le stade, a débordé, entraînant un mouvement de panique. L’usage de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre pour tenter de maîtriser la situation aurait aggravé les choses, transformant une crise en un véritable cauchemar.
Mamadou Malal Baldé, un citoyen, évoque l’imprévisibilité des foules. « Ce qui s’est passé pouvait arriver partout, n’importe où, peu importe le degré de sécurité. Avec une foule, quand ça déborde, ça peut aller dans tous les sens. Gustave Le Bon disait dans la psychologie des foules que la foule est une masse transformée en animal social. Cependant, pour situer les responsabilités, je dirais que c’est le CNRD qui en porte la charge », soutient-il.
Cette analyse met en lumière la nature incontrôlable des foules, mais pointe également du doigt les organisateurs, en particulier les autorités de la transition.
Pour Ibrahima Sory Condé, la tragédie aurait pu être évitée avec des mesures de sécurité plus strictes. « Des enfants très jeunes viennent de tomber sous nos yeux à cause d’un mouvement de soutien organisé par des diplômés censés œuvrer pour la bonne conduite du pays. Ces personnes préfèrent faire la promotion de l’illégalité en rassemblant les espoirs de demain sans même une seule mesure de protection », fait-il savoir.
Son appel à la responsabilité met en avant un manque criant de préparation et de prise en compte des risques liés à un tel rassemblement.
Alpha Oumar Diallo est encore plus critique, dénonçant l’intervention des forces de l’ordre et l’objectif même du tournoi. Par la même occasion, il sollicite des poursuites contre les initiateurs.
« L’usage de gaz lacrymogènes dans un stade bondé a aggravé la situation. Ces gaz, bien que souvent utilisés pour disperser des manifestants, sont dangereux dans des espaces clos. Organiser un tel événement, surtout à des fins de propagande politique, sans prévoir les risques, relève d’une irresponsabilité flagrante. Le président et son CNRD, initiateurs de ce tournoi, devront répondre de leurs actes », dit-il. Il appelle à une enquête approfondie pour déterminer les responsabilités et garantir que justice soit rendue.
Ce drame met en lumière les lacunes en matière de gestion des foules et d’organisation des événements publics en Guinée. Si la douleur des familles des victimes est aujourd’hui au centre des préoccupations, la recherche de réponses est tout aussi cruciale. Les citoyens, comme l’a rappelé Diallo, attendent que des mesures soient prises pour éviter de tels drames à l’avenir.
Thierno Amadou Diallo
