Lors de la Journée internationale des langues maternelles, célébrée le 21 février, des défenseurs des langues maternelles ont fait part des obstacles qui compromettent la sauvegarde des langues maternelles en République de Guinée. Ils déplorent l’insuffisance de compréhension de la part du public concernant l’importance des langues et plaident pour un engagement considérable de la part de l’État pour leur vulgarisation au sein de la société.
Dans sa prise de parole, le commissaire général du Salon International des Ouvrages en Langue et Écriture Africaine a souligné les opportunités qui se sont présentées à lui grâce à son intérêt pour sa langue maternelle, le maninka.
« Je suis sociologue de formation, mais je peux vous dire que mon premier contrat, 20 millions, je l’ai eu à travers le Maninka. Parce que j’ai eu un contrat de traduction avec une association internationale qui m’a donné un contrat de 20 millions. Donc, à travers ça, moi, j’ai pris une maison pour me marier après », indique-t-il.
Selon Ibrahima Lounsé Balité Konaté, la langue maternelle, étant le premier langage auquel l’enfant est exposé, est profondément associée à la figure maternelle.
« Une langue maternelle, c’est la première langue que l’enfant entend, surtout à travers sa maman. C’est pourquoi on dit langue maternelle, puisque depuis que l’enfant est dans le ventre de sa maman, la langue que la maman parle, c’est ce qu’on appelle langue maternelle », précise-t-il.
Néanmoins, de nombreux obstacles et complications entravent actuellement la sauvegarde des langues nationales.
« Les défis et les difficultés sont énormes. Parce que nous sommes dans un système dans lequel les gens ne comprennent pas l’importance de la langue nationale, de la langue maternelle. Et je peux dire que nous sommes entre deux blocs. Et c’est malheureux. Pourtant, quand l’enfant apprend à travers sa langue, il comprend mieux que lorsque c’est une langue étrangère », dit-il avec regret.
Selon Kisango Konté, l’absence d’utilisation et de mise en valeur des langues maternelles est ce qui les mène à l’oubli. Il met l’accent sur le fait que des politiques de promotion linguistique sont en place, toutefois, les mesures concrètes demeurent insuffisantes.
« En réalité, les politiques mises en place pour la promotion d’une langue existent, certes, mais, dans les faits, on remarque très peu d’actions. Il est important de savoir qu’aucun pays n’a évolué dans la langue d’autrui. Tout le monde évolue dans sa langue. L’américain parle dans sa langue. Quand bien même, ça vient de l’Angleterre, mais après, ils ont cherché à s’harmoniser avec eux-mêmes dans leur conception des choses. Pourquoi pas nous ? Ce n’est pas une utopie », explique-t-il. Avant d’ajouter : « Il faudrait que les pouvoirs en place décident même de chercher à valoriser en réalité nos différentes langues nationales. En créant des instituts de langues en Guinée. En cherchant même à diriger certains élèves, par exemple après le bac, dans ces différents instituts pour qu’ils continuent à faire des recherches. Parce qu’il y a des gens qui sont passionnés par cela. Qu’on motive les gens et qu’on arrive à créer en fait cet institut-là qui va permettre de recueillir un certain nombre de personnes. Cela permet d’avoir une certaine pérennité vis-à-vis de nos langues ».
JRI de l’ombre
