Dix mois après le verdict du procès du massacre du 28 septembre 2009, les victimes ont finalement commencé à percevoir leurs indemnisations. Un montant global de 119 milliards de francs guinéens a été alloué par les autorités de la transition pour réparer, en partie, les préjudices subis.
Contactée par notre rédaction, Fatoumata Binta Barry, victime de violences sexuelles lors de ces événements tragiques, a exprimé un mélange de reconnaissance et de douleur. Elle salue l’engagement du président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya.
« L’État a pris ses responsabilités pour venir à notre secours, ce que nous avons beaucoup apprécié. Nous remercions le Général Doumbouya pour son engagement et pour avoir tenté d’essuyer nos larmes. Certes, cela ne peut effacer tout le mal que nous avons subi, mais il a fait de son mieux. J’espère qu’il ne répétera pas les erreurs du passé. Nous prions chaque jour pour qu’il soit protégé du mal », a-t-elle confié.
Concernant la répartition des fonds, Fatoumata Barry explique que des chèques ont été remis individuellement, en commençant par les femmes, avant que chaque bénéficiaire ne les dépose dans sa banque respective. Le virement est censé intervenir dans un délai de 72 heures. Mais elle dénonce plusieurs irrégularités dans le processus.
« Il y a eu trop d’anomalies. Deux groupes se disputent la qualité de parties civiles, ce qui crée des tensions au sein des associations et ONG de victimes. Pourtant, le ministère en charge nous avait bien demandé d’ouvrir des comptes bancaires individuels pour éviter ce genre de problèmes. Mais certains rencontrent toujours des difficultés », a-t-elle souligné.
Plus grave encore, elle accuse certaines personnes de se faire passer pour des victimes afin de bénéficier indûment de l’indemnisation.
« Il y a des gens qui n’ont rien à voir avec les événements du 28 septembre, mais qui touchent quand même de l’argent. Par exemple, une dame a affirmé à la barre qu’elle n’avait pas été violée, juste frappée. Une vidéo le prouve, pourtant elle a perçu la même somme que nous, les victimes de viol. Ce genre de fraude est inacceptable, surtout que certaines familles de victimes disparues n’ont encore rien reçu », a-t-elle déploré.
À la question de savoir si le montant perçu est satisfaisant, elle répond avec réalisme :
« On nous avait promis une maison et de l’argent. Ce n’est pas ce qui s’est passé. Alors on remercie Dieu pour ce que nous avons reçu, même si c’est peu. On va essayer de construire notre avenir avec ».
Elle ajoute que, pour des raisons de sécurité, les montants exacts perçus ne doivent pas être divulgués, une décision émanant du juge Tounkara. Elle exhorte également l’État à prendre ses responsabilités pour garantir la sécurité des victimes.
Au total, 334 victimes sont concernées par cette indemnisation. Les montants varient selon les préjudices subis, répartis en quatre grandes catégories :
- Les femmes victimes de viols,
- Les familles des personnes disparues ou tuées,
- Les personnes ayant subi des coups et blessures,
- Les victimes de pillages de biens.
Aminata Camara
