Détournement de deniers publics, corruption, entre autres pratiques reprochées au régime Alpha Condé pour justifier le coup d’État militaire du 5 septembre 2021, quatre ans de gouvernance CNRD, le phénomène s’installe et prend forme. Le dernier cas en date est celui relatif au détournement de 700 milliards de GNF dans lequel le directeur général des Douanes Moussa Camara et son adjoint Macky Diallo sont cités. Le phénomène qui prend une proportion inquiétante fait réagir les acteurs de la vie sociopolitique guinéenne sur l’engagement du général Mamadi à lutter contre la pratique.
Au même moment, les villes de l’intérieur du pays manquent quasiment de tout. Pas de routes, pas d’hôpitaux, pas d’écoles… Le constat établi par le président du Conseil national de la transition après une tournée dans les villes de l’intérieur du pays pour la vulgarisation de l’avant-projet de la nouvelle constitution est alarmant.
C’est pourquoi, dans son discours introductif de la plénière lundi, consacrée à la présentation du projet de loi de finances initiale 2025 par le gouvernement, Dr Dansa Kourouma a dressé un tableau sombre de la réalité de la Guinée profonde.
« Les missions ont constaté, dans une très grande majorité, une dégradation avancée des infrastructures routières, plusieurs relevant d’une absurdité manifeste. Plusieurs d’entre elles sont dans un état d’impraticabilité. Elles ont par ailleurs constaté une manifestation insignifiante de l’appareil et de l’autorité de l’État », a déclaré le président du CNT. Avant d’ajouter que « ce déficit ou bien souvent absence d’infrastructures dans certaines localités de notre pays a amené beaucoup de nos compatriotes rencontrés à penser que nos efforts de leur faire bénéficier d’une couverture de santé universelle et d’une école gratuite ne seraient qu’un peu pires. Je profite de cette occasion pour lancer ici et maintenant un cri d’alarme, car l’heure est précieuse », soutient-il.
Par ailleurs, le Président de l’organe législatif de la transition guinéenne a estimé que « l’avenir de la Guinée ne se construira pas sur des promesses mais sur des actions concrètes et mesurables », lance-t-il.
Depuis un certain temps, poursuit Dr Dansa Kourouma, il est « regrettable de constater que certains de nos concitoyens, d’ailleurs investis de courtes responsabilités, semblent ignorer ou mépriser les valeurs fondamentales de la refondation, valeurs auxquelles le CNRD promet avec force et pour lesquelles nous avons solennellement prêté serment sur ce bel livre sain de notre foi », a-t-il dénoncé. « Notre mission est sacrée et notre responsabilité immense. Nous ne pouvons ni, nous ne devons, trahir l’engagement que nous avons pris devant le peuple et devant le plus puissant Allah. La loyauté et la fidélité doivent guider chacune de nos actions, sans faux fuyant, sans compromission », indique-t-il.
S’agissant de la gouvernance économique, Dr Dansa Kourouma a soutenu que la planification budgétaire doit être guidée par trois principes essentiels : La sincérité dans les prévisions ; la régularité dans l’exécution et la discipline dans la gestion des ressources publiques. « Or, il faut avoir le courage de le dire, ces valeurs consubstantielles à la refondation sont aujourd’hui un décalage avec les comportements de certains acteurs de notre administration. Cette élite, pourtant liée par un serment de loyauté au peuple de Guinée, agit parfois en contradiction avec l’esprit et les exigences de la refondation. La question est donc simple, mais grave. Que se passe-t-il ? », s’interroge-t-il.
N’Famoussa Siby
