Dès son installation au bureau ovale, Donald Trump a apposé sa signature sur plusieurs décrets, y compris celui mettant fin à l’appartenance de son pays à l’OMS. C’est la seconde occasion où il appose sa signature sur un décret initiant le processus de désengagement des États-Unis de l’OMS, le premier ayant eu lieu en 2020 durant son premier mandat. Ainsi, de nombreuses personnes s’interrogent sur le futur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et ses initiatives, notamment en ce qui concerne l’Afrique, suite à la décision de Donald Trump. Face à l’inquiétude que suscite cette décision du locataire de la Maison Blanche, nous avons demandé l’avis de Dr SOW Mamadou Kaba MD MPH, consultant international en santé publique, sur les répercussions de celle-ci, notamment sur les projets et programmes de l’Organisation mondiale de la santé en Guinée, surtout si l’on considère que les États-Unis sont les premiers et principaux contributeurs de l’OMS.
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Ledjely.com : Conformément à sa doctrine incarnée dans son slogan « America First », Donald Trump annonce le retrait des États-Unis de l’OMS. À votre avis, quelle conséquence cette décision peut-elle avoir en Guinée ?
Dr SOW Mamadou Kaba : Le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) peut avoir des impacts indirects sur la Guinée. Étant donné que la contribution des États-Unis s’élève à 1,3 milliard de dollars américains ($ US), selon les plus récentes données de l’OMS (2022-2023). C’est presque 20 % du budget actuel (6,8 milliards US en 2024-2025). Cette décision pourrait réduire les financements disponibles pour certains programmes de santé, notamment dans les pays en développement comme la Guinée. Cependant, il est important de noter que les États-Unis ne financent pas directement la Guinée à travers l’OMS, mais leurs contributions sont intégrées dans le budget global de l’organisation. Cela signifie que les projets spécifiques à la Guinée pourraient être touchés si l’OMS doit réallouer ou réduire ses financements globaux.
À combien s’élève le manque à gagner consécutif à ce retrait pour notre pays ?
Le montant exact du manque à gagner pour la Guinée reste difficile à chiffrer précisément. Cependant, étant donné que la Guinée bénéficie de programmes de santé financés par l’OMS, tels que les initiatives contre le paludisme, la vaccination et les épidémies, une baisse des contributions globales pourrait affecter ces projets. Il serait nécessaire de consulter les rapports financiers de l’OMS pour estimer précisément l’impact.
Quels sont, à votre connaissance, les projets qui seront directement impactés ?
Les projets qui pourraient être impactés incluent :
· Les programmes de vaccination, notamment ceux contre la poliomyélite, la rougeole et autres maladies évitables par la vaccination.
· La lutte contre le paludisme, qui reçoit souvent un soutien technique et financier de l’OMS.
· Les initiatives de préparation et de réponse aux épidémies, en particulier pour des maladies comme Ebola, COVID19 qui ont touché la Guinée par le passé.
· Les formations des personnels de santé et le renforcement des systèmes de santé.
De même, il annonce la suspension de l’aide étrangère américaine pour 90 jours. Quelles répercussions cette autre décision peut-elle avoir en Guinée ?
La suspension temporaire de l’aide étrangère américaine pendant 90 jours aurait un impact plus direct sur la Guinée, notamment à travers les programmes bilatéraux financés par USAID. Ces financements soutiennent :
· Les projets de développement rural et agricole.
· Les initiatives en matière de santé publique, notamment la lutte contre le VIH/SIDA et le paludisme.
· Les programmes de renforcement des infrastructures et de la gouvernance.
· Une suspension pourrait ralentir ces projets, entraîner des interruptions de financement, et affecter les communautés qui dépendent directement de ces initiatives.
Quelle devrait être l’attitude des autorités guinéennes face à cette posture de Donald Trump ?
Les autorités guinéennes devraient adopter une posture prudente face à cette situation. Comme mentionné, les États-Unis ne financent pas directement la Guinée via l’OMS, et ce retrait est avant tout un problème entre Washington et l’organisation. La Guinée ne devrait pas se mêler de ce différend, comme le dit l’expression : « La fourmi doit s’éloigner du combat des éléphants ».
Cependant, en ce qui concerne la suspension des aides bilatérales par les États-Unis (via USAID), la Guinée pourrait :
· Engager un dialogue diplomatique avec les États-Unis pour clarifier la portée et la durée de cette suspension.
· Renforcer ses partenariats avec d’autres pays donateurs ou institutions internationales pour compenser l’impact éventuel.
· Accélérer les efforts pour diversifier ses sources de financement externe, réduisant ainsi sa dépendance vis-à-vis d’un seul partenaire.
En conclusion, les autorités guinéennes doivent maintenir une diplomatie mesurée tout en explorant des alternatives pour garantir la continuité des projets vitaux pour le développement du pays.
Interview réalisée par N’Famoussa Siby