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Rapport de la mission électorale de l’ONU en Guinée : l’ANAD entre « confiance » et « méfiance »

L’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (ANAD), à travers son président de la commission communication, Souleymane Souza Konaté, a réagi vivement au rapport de la mission d’évaluation des besoins électoraux de l’ONU, saluant son objectivité tout en exprimant de vives inquiétudes concernant la gestion de la transition en Guinée.

Dans sa réaction, l’ANAD a souligné que le rapport dresse un tableau « réaliste et objectif » de la crise actuelle en Guinée, une crise qui découle, selon l’ANAD, du refus des autorités militaires de respecter le chronogramme de transition convenu avec la CEDEAO.

Le rapport des Nations unies met en évidence plusieurs dérives autoritaires qui ont marqué la période post-coup d’État. Il évoque notamment un « effritement grandissant et inquiétant de la cohésion sociale » dans un contexte où les autorités militaires de la transition sont perçues comme « autoritaires » par une grande partie des acteurs nationaux rencontrés. Selon le rapport, ce climat est aggravé par « une détérioration des conditions de vie des populations », une situation que l’ANAD considère comme le résultat direct des choix politiques du gouvernement militaire. « Le manque de clarté sur le calendrier de retour à l’ordre constitutionnel, la participation potentielle des dirigeants de la transition à une future élection présidentielle et l’absence de consensus autour de la nouvelle constitution » alimentent un « mécontentement social  croissant », affirme le rapport.

L’ANAD salue l’analyse du rapport concernant la crise de confiance entre les acteurs politiques et le gouvernement de transition, soulignant que cette méfiance est alimentée par des violations répétées des droits humains, notamment des « disparitions forcées d’acteurs de la société civile et de journalistes, l’assassinat impuni de plus de 60 manifestants ». L’ANAD rappelle que les Forces vives de Guinée, dont elle fait partie, ont constamment dénoncé ces dérives. L’organisation met en exergue le fait que les autorités militaires se sont rendues coupables de la répression systématique de la dissidence, de « l’augmentation des violations du droit à la liberté d’opinion et d’expression », et de la fermeture des médias privés, comme l’a mentionné le rapport de l’ONU.

Le rapport des Nations unies insiste également sur la dissolution de partis politiques et la « mise sous observation » de dizaines d’autres, au nom de la conformité avec les lois sur les formations politiques. Cette situation, selon la mission, « fait craindre une re-fermeture de l’espace politique », un point que l’ANAD dénonce vigoureusement. L’ANAD affirme que « le CNRD, en poursuivant la dissolution des partis politiques et en concentrant le pouvoir entre les mains de l’armée, manifeste son intention de confisquer le pouvoir ». L’ANAD a souligné que ces actions vont à l’encontre des engagements pris par le CNRD de rétablir un régime civil et que l’option d’une transition militaire ne pourra qu’aggraver la crise politique.

Sur le dossier du fichier électoral, un autre point soulevé par le rapport, l’ANAD critique sévèrement l’option du RAVEC (recensement administratif à vocation d’état civil) pour préparer les élections. La mission des Nations Unies a proposé que l’ONU fournisse une assistance technique en matière de recensement et de mise à jour du fichier électoral, y compris via le déploiement d’experts au sein du RAVEC et du Conseil national de transition (CNT). Toutefois, l’ANAD considère cette proposition comme un « stratagème » visant à prolonger la transition. « Le fichier électoral de 2020 peut être rapidement actualisé », insiste l’ANAD, ajoutant que « L’argument du RAVEC (recensement administratif à vocation d’état civil) n’est qu’un stratagème visant à retarder les élections pour préparer une mascarade électorale, avec pour objectif de faire proclamer le chef de la junte président élu dès le premier tour ».

Face à cette situation, l’ANAD appelle les Nations unies à s’abstenir d’accompagner cette démarche. « Nous appelons les Nations unies à ne pas s’associer à un tel simulacre. Au contraire, elles doivent veiller à ce que toutes les conditions d’un scrutin libre, transparent et inclusif soient réunies, et que les élections soient organisées dans le respect strict de l’article 46 de la Charte de la transition et de l’article 25, alinéa 4, de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance de l’Union africaine (UA) », insistant sur la nécessité de garantir que les élections en Guinée soient libres, transparentes et inclusives.

La mission des Nations unies, tout en soulignant les risques et défis auxquels la Guinée fait face, confirme que le processus électoral reste suspendu à la volonté politique des autorités militaires. L’ANAD insiste donc sur l’urgence de rétablir la confiance et d’engager un véritable dialogue inclusif, afin de permettre à la Guinée de sortir de cette impasse et de garantir des élections démocratiques.

Thierno Amadou Diallo

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