À peine publié, le nouveau fichier électoral biométrique suscite déjà la controverse. Censé ouvrir la voie à des élections transparentes en Guinée, il est vivement critiqué par l’opposition, notamment par Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG).
Trois jours après la publication officielle de la cartographie électorale, l’ancien Premier ministre est monté au créneau pour dénoncer des « irrégularités majeures » qui, selon lui, compromettent la crédibilité du processus.
Selon les données du gouvernement, plus de 6,7 millions d’électeurs ont été enrôlés dans le fichier biométrique, dont à peine 120 000 issus de la diaspora. Un chiffre jugé faible au regard du potentiel électoral de cette frange de la population.
Autre fait marquant : la répartition régionale des électeurs. Le leader de l’UFDG, y voit une tentative de manipulation du processus électoral.
« Il y a des anomalies statistiques notables entre les régions », a-t-il déclaré dans une interview accordée à RFI.
Le leader de l’opposition s’étonne du fait que Kankan, région d’origine du président de la transition Mamadi Doumbouya, devance désormais Conakry, alors que dans les précédents recensements, la capitale avait toujours le plus grand nombre d’électeurs.
«Les régions favorables à la junte semblent avoir plus d’électeurs que les autres régions considérées comme non favorables à la junte. Lorsque vous regardez la région de Kankan, la région d’origine de Mamadi Doumbouya, il n’y a plus d’électeurs que Conakry, ce qui est nouveau, parce que dans les recensements antérieurs au Conakry, la capitale, évidemment, a enregistré à beaucoup plus d’électeurs que les autres régions de l’intérieur. Ensuite, vous connaissez l’importance de la diaspora guinéenne. Ils se sont beaucoup battus pour se faire enrôler. Ils n’ont pas pu, parce que les machines étaient insuffisantes, souvent en panne. Il y a des critères difficiles à satisfaire, si bien que beaucoup de gens, beaucoup de citoyens qui voulaient s’enrôler n’ont pas pu le faire », a poursuivi le leader politique.
Cellou Dalein a aussi évoqué les difficultés rencontrées par les Guinéens de l’étranger pour se faire enrôler. Il parle de machines défaillantes, de procédures complexes et de conditions difficiles à remplir, ce qui aurait empêché beaucoup de citoyens vivant à l’étranger de s’inscrire.
« Cette réalité est perçue comme une volonté d’exclure ceux qui sont opposés à la confiscation du pouvoir par Mamadi Doumbouya », a-t-il conclu.
N’Famoussa Siby