C’est dans une atmosphère résolument tournée vers la coopération régionale que s’est ouvert, ce 4 août à Conakry, l’atelier régional du Forum des Administrations Fiscales Ouest-Africaines (FAFOA). Réunissant seize pays ainsi que plusieurs partenaires techniques et financiers, cet événement majeur, prévu sur cinq jours, porte sur le thème : « Renforcement des capacités de contrôle fiscal et d’échange d’informations dans le secteur extractif en Afrique de l’Ouest ».
À l’ouverture des travaux, la Directrice générale des Impôts de Guinée, Fatoumata Foula Diallo, a pris la parole avec assurance, incarnant le rôle de cheffe de file dans l’organisation de cet atelier. Elle a souhaité la bienvenue aux délégations venues de toute la sous-région et exprimé la fierté de la Guinée d’accueillir ce moment de réflexion stratégique.
Dans son discours, elle a lancé un vibrant appel à la coopération : « Ensemble, nous pouvons relever les défis qui se posent à nous et œuvrer pour une fiscalité plus juste et plus efficace ».
Elle a rappelé que, malgré l’abondance des ressources extractives, les États ouest-africains peinent encore à en tirer des recettes à la hauteur des enjeux, en raison notamment de la complexité des conventions minières, de la fraude fiscale et de l’évasion organisée à travers des mécanismes tels que le prix de transfert.
« Le secteur extractif, par sa complexité, exige des compétences renforcées en matière de contrôle fiscal et d’échange d’informations », a-t-elle affirmé, appelant à une alliance fiscale régionale capable de mutualiser les savoir-faire et d’optimiser la mobilisation des recettes dans ce secteur vital.
Cette ambition a été pleinement partagée par le ministre du Budget, Facinet Sylla, qui s’est félicité de « la création récente, au sein de la DGI, d’une direction dédiée aux mines », saluant également la souveraineté retrouvée dans la négociation des contrats miniers.
« Fini le temps où deux ou trois cadres embarquaient pour signer des contrats à l’étranger, souvent dans une langue qu’on ne comprenait même pas », a-t-il lancé.
De son côté, le Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah, a apporté une profondeur historique au débat. Évoquant le pèlerinage de l’empereur Mansa Moussa au XIVe siècle, il a rappelé que les richesses minières de l’Afrique de l’Ouest sont au cœur de l’histoire mondiale.
« Nous ne voulons plus être un pays simplement d’extraction minière. Il nous faut transformer localement et capter une plus grande valeur ajoutée », a-t-il insisté, soulignant la nécessité de changer de paradigme.
Tout au long de l’atelier, qui se poursuivra jusqu’au 8 août, les experts plancheront sur des recommandations concrètes : mise en place de mécanismes d’échange d’informations, contrôle des prix de transfert, maîtrise des risques liés aux prêts d’actionnaires, harmonisation des régimes fiscaux, entre autres.
Thierno Amadou Diallo