Les jeunes du quartier Coleah, dans la commune de Matam, ont battu le pavé ce lundi 26 août 2024, devant le ministère de la Sécurité et de la Protection civile, pour exprimer leur indignation et exiger justice pour Fakemo Mara qui, selon eux, a trouvé la mort suite à son arrestation et son dépôt dans les locaux de l’Office de protection du genre, des mœurs et de l’enfance (OPROGEM). Son arrestation faisant faisait suite à des accusations de viol sur la fille du directeur général adjoint de l’administration pénitentiaire, colonel Gassimou Soumah.
Remontés par ce qu’ils considèrent comme une injustice à l’endroit de leur défunt camarade, les manifestants scandaient des slogans appelant à la justice et dénonçant le Colonel Gassim, qu’ils accusent d’être à la base la mort de celui qu’on appelait intimement SK. Sur une banderole qu’ils tenaient à bout de bras, on pouvait lire : « Justice pour Mara, Gassim assassin, nous ne sommes pas en sécurité ».
« Ils nous ont dit que Fakemo a violé une fille. Ce qui n’est pas vrai. Fakémo Mara en personne s’est déplacé pour aller se présenter dans la famille de la fille pour donner des explications sans pression, c’est là-bas qu’on l’a mis aux arrêts. S’en sont suivies des tortures de 23h jusqu’à 8h du matin à l’OPROGEM. Et quelques heures après, vient nous dire qu’il a sauté du 3ème étage d’un immeuble et s’est cassé les membres et s’est blessé à la tête. Puis, trois jours après, ils disent qu’il est décédé. Ce qui est faux. Nous ne pouvons pas croire à cette thèse sans qu’on ait les résultats de l’autopsie. Il est déjà mort, nous voulons maintenant que justice soit faite. Cette affaire de viol est un mensonge », explique Ibrahima Sory Soumah, un ami du défunt et visiblement un des leaders de la manifestation.
La thèse du viol, Mohamed Alhassane Camara alias ‘’Entraineur Marco’’, n’y croit pas non plus. « J’ai passé 20 ans avec Fakémo Mara, je peux dire qu’il n’a pas violé la fille. Parce que je connais sa mentalité. Nous sommes là aujourd’hui pour demander à la justice de faire son travail », plaide-t-il.
Mais pour toute réponse, le groupe de protestataires n’a eu droit qu’à des grenades lacrymogènes. D’ailleurs, un des manifestants, touché par un tube de ce gaz lancé par les services de sécurité, en a été blessé. Ce qui a eu le don d’irriter davantage les manifestants que la police a toutefois réussi à disperser.
Fodé Soumah
