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CEDEAO/AES : l’heure du choix pour Bola Tinubu et ses homologues

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et les dirigeants de la sous-région sont à un tournant décisif de l’histoire. Placés dos au mur par la décision manifestement irrévocable de retrait de l’organisation par les Etats du Sahel, ils devront prendre une décision. Mais l’ennui est qu’ils ne savent quel choix opéré. Et pour une fois, ce ne sont tant leur compétence ou leur responsable qui sont en cause. Mais le choix lui-même qui est impossible. En effet, quelle attitude devront-ils adopter vis-à-vis du Mali, du Burkina Faso et du Niger ? Aucune des options à leur disposition n’est sans inconvénients. Pourtant, ils ne peuvent pas ne pas choisir non plus. C’est l’équation insoluble qu’ils devront résoudre durant les six mois de prolongation qu’ils se sont accordés à l’issue sommet ordinaire du dimanche 15 décembre dernier à Abuja.

Le pragmatisme et la réalité font loi

La première option qui s’offre aux dirigeants de la CEDEAO est celle de la fermeté. D’un certain point de vue et dans d’autres circonstances, elle serait compréhensible et légitime à la fois. Parce que l’idée d’une sortie fracassante de l’organisation pour échapper aux pressions notamment politiques de cette dernière, relève d’une défiance extrême qui mériterait une sanction exemplaire. Qui plus est de la part de dirigeants putschistes qui sont eux-mêmes loin d’être exemplaires. Quand un militaire arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat en vient à fixer ses propres exigences à une organisation de la dimension de la CEDEAO, c’est en principe le non-sens en soi. Mais dans ce qui se joue dans l’espace ouest-africain depuis trois ans au moins, les grands principes ne servent plus à rien. C’est le pragmatisme et la réalité qui font loi. Or, la réalité est que, dans un contexte de populisme ambiant, la CEDEAO est une organisation discréditée et affaiblie. L’amalgame, l’approximation et l’intox aidant, les tares et insuffisances de l’organisation ont été volontairement grossies. Une attitude de fermeté mettrait alors le feu aux poudres. Les rues de toutes les capitales de cette partie du continent africain se rempliraient tout de suite de cette horde de jeunes désœuvrés et à la formation bâclée. Armés de leurs pancartes et de quelques drapeaux russes, ils crieraient leur colère sourde et provoqueraient probablement la chute d’autres dirigeants. Ainsi donc, envisager punir Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahmane Tiani pour leur bravade reviendrait à mettre de l’huile sur le feu.

L’inaction n’est pas une option

Il se trouve néanmoins que Bola Tinubu et ses homologues ne peuvent pas non plus faire comme si de rien n’était. Oui, il est vrai qu’une organisation doit offrir à ses membres la latitude d’en sortir, quand ils ne veulent plus en faire partie. Mais dans le cas d’espèce, les choses ont été faites avec une telle arrogance que la CEDEAO sort affaiblie du bras de fer. A l’inverse, à court terme, le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont perçus comme les vainqueurs de la bataille. Or, cette impression que l’organisation ne vaut plus rien et qu’elle n’a plus aucune marge de manœuvre vis-à-vis de ses membres les plus récalcitrants est tout aussi une menace pour l’existence de la CEDEAO. Si les membres de l’AES s’en sortent avec un certain triomphe, cela risque d’être un précédent que d’autres n’hésiteront pas à exploiter quand cela les arrangera. Qu’est-ce qui garantit en effet que très prochainement, un capitaine, s’inspirant par exemple de celui du Burkina Faso, ne renversera pas le président dans un autre pays pour s’emparer, lui aussi du pouvoir. Absolument rien, vu qu’il est certain que la CEDEAO ne pourra rien y faire. C’est dire que l’inaction, elle non plus, n’est pas une option viable.

L’empathie, la compassion et l’altruisme ne sont que des postures

Alors, quoi faire ? Les dirigeants de la CEDEAO doivent commencer par un travail introspectif. Ce qui les conduira à réaliser ou admettre que l’organisation est en crise. Et que cette crise, ils y sont pour beaucoup. Et pas que parce qu’ils ont tendance à se jouer des textes pour s’éterniser au pouvoir. Cette tare-là est l’effet et non la cause. La faute de nos dirigeants d’aujourd’hui réside dans le fait d’avoir perdu de vue le sens de la marche historique de leurs peuples. Leur faute, c’est aussi d’avoir favorisé l’émergence d’un monde où le mensonge a pris le dessus sur la vérité, où l’argent et le matériel priment sur l’humain, où la réussite n’est plus le résultat des authentiques efforts et où l’empathie, la compassion et l’altruisme ne sont plus que des postures. Au-delà des réformes juridiques vendues comme des gadgets, les dirigeants de l’espace CEDEAO doivent s’investir dans la reconstruction d’une organisation qui suit le reflet des valeurs des sociétés qui composent l’espace qu’elle couvre. Ce qui en soi implique que chacun des dirigeants se remette en cause. Parce qu’aujourd’hui, tous sont davantage portés à la manipulation, au faux-fuyant et à la ruse. Mais pour se donner bonne conscience, ils appellent cela communication.

Boubacar Sanso Barry     

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