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Rwanda–RD Congo : Trump peut-il être un faiseur de paix ?

Tout le monde s’accorde à le reconnaître : l’accord conclu vendredi dernier aux Etats-Unis entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) a quelque chose de symbolique. D’autant qu’il y a à peine quelques mois, personne n’aurait pu ne serait-ce qu’envisager une telle hypothèse. Donald Trump, et plus globalement la diplomatie américaine, peuvent donc se féliciter de ce coup diplomatique. À l’inverse, du côté de l’Afrique et des Africains, cet accord met une nouvelle fois en lumière un statu quo préoccupant. Si une partie de la jeunesse africaine appelle de plus en plus fort à la souveraineté du continent, force est de constater que cette exhortation peine à se concrétiser. De fait, le document signé par les ministres des Affaires étrangères rwandais et congolais révèle que Kigali a mieux manœuvré. Mais surtout, les intérêts économiques que Donald Trump entrevoit, conjugués à l’influence des Etats-Unis dans la région, ont suffi à convaincre Kinshasa de ravaler sa fierté.

Minerais rares…

« Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué », enseigne Jean de La Fontaine. C’est exactement la prudence que recommandent certains à propos de l’accord signé le 27 juin dernier entre Rwandais et Congolais sous les auspices des Etats-Unis. Le conflit qui déchire l’est de la RDC depuis une trentaine d’années est si complexe qu’il serait illusoire de croire qu’un simple document – même porté par Donald Trump – suffira à y mettre un terme. Cela étant, il faut bien reconnaître que les relations entre les deux pays étaient, ces dernières années, si délétères que cette entente, même fragile, représente une prouesse diplomatique. Et venant d’une administration américaine que l’on disait jusqu’ici peu soucieuse de l’Afrique, cela peut paraître paradoxal. Mais à y regarder de plus près, ce sont surtout les minerais stratégiques de la région et la volonté de contenir l’influence croissante de la Chine qui expliquent cet engagement soudain des Etats-Unis.

Les failles de l’Afrique

Il en ressort que pour retrouver une certaine tranquillité, la RDC devra concéder une partie non négligeable de ses ressources, notamment minières. Ce n’est donc pas un accord aussi équilibré ou idéal qu’on pourrait le penser. Et cette situation résulte, en grande partie, des failles du continent africain lui-même. Failles institutionnelles, manque de coordination, et divisions persistantes. Une fois encore, l’Afrique a échoué à parler d’une seule voix. Au contraire, cette crise a réveillé ses vieux démons. Des commentateurs rappellent ainsi l’accord de Marcoussis lors de la crise ivoirienne des années 2000, pour souligner les relents néocoloniaux que le continent continue de subir. L’accord du 27 juin vient confirmer que, malgré les discours à la mode sur la souveraineté, certaines choses n’ont pas changé.

La responsabilité incombe aussi à Paul Kagamé et à Félix Tshisekedi. Tous deux ont ignoré les propositions de médiation de leurs pairs africains, notamment celles venues d’Afrique orientale et australe. Ni Joao Lourenço ni Faure Gnassingbé n’ont trouvé grâce à leurs yeux. Mais quand Donald Trump les appelle, ils s’empressent de répondre présent.

Déni de la réalité

Et à y regarder de plus près, entre les deux chefs d’État, c’est Paul Kagamé qui semble avoir mieux tiré son épingle du jeu dans les négociations pilotées par Washington. Kigali est parvenu à faire admettre que son implication militaire dans l’est de la RDC, y compris ses incursions, relève d’une certaine forme de légitime défense. L’accord appelle ainsi explicitement à la neutralisation des FDLR, ces rebelles hutus que le Rwanda accuse d’utiliser le Congo comme base arrière. En revanche, les rebelles du M23, soutenus par Kigali selon plusieurs rapports, ne sont même pas mentionnés dans l’accord en lien avec le Rwanda. Pire, dans les discussions parallèles menées à Doha, le M23 semble désormais classé dans les affaires « congolo-congolaises ». Une telle présentation dédouane Paul Kagamé de toute responsabilité directe. Autrement dit, d’un côté, c’est l’attrait pour les ressources congolaises qui motive l’engagement de Donald Trump, et de l’autre, c’est la RDC qui apparaît comme la principale fautive. Peut-on construire une paix véritable sur un tel déni de la réalité ? Rien n’est moins sûr !

Boubacar Sanso Barry

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