Ce 6 février 2025, les représentants du Syndicat des acteurs de la monnaie électronique de Guinée (SAMEL Guinée) ont exprimé leur mécontentement face à la baisse drastique des commissions versées aux points de vente d’Orange Money, menaçant d’entamer une grève générale à partir du 20 février si leurs revendications ne sont pas satisfaites.
Lors d’une conférence de presse ce jeudi, Ramatoulaye Sow, porte-parole du syndicat, a dénoncé « une injustice sans précédent » qui frappe les acteurs de la monnaie électronique en Guinée. Selon elle, la société Orange Finance Mobile Guinée a pris la décision unilatérale de réduire de manière significative les commissions des points de vente sans aucune consultation préalable. « Depuis des mois, nous sommes livrés à une injustice. Nous sommes ceux qui, jour et nuit, facilitons les transactions financières essentielles pour la vie de nombreux citoyens. Pourtant, nous risquons de disparaître à cause de cette décision », a-t-elle déclaré.
Les acteurs de la monnaie électronique se trouvent dans une situation économique difficile, car la réduction des commissions menace leur survie. Selon les chiffres fournis, un retrait d’un million de francs guinéens génère une commission de seulement 2000 francs, soit une rémunération insignifiante pour les agents de vente. Cette situation a mis de nombreuses familles en difficulté. Ramatoulaye Sow a précisé : « Nous avons été méprisés, écrasés et abandonnés par ceux qui devraient nous soutenir ».
Mais ce n’est pas tout. Le syndicat a également dénoncé une mesure envisagée par Orange Finance Mobile Guinée de prélever une retenue de 20 % sur les commissions des points de vente, ajoutant une pression fiscale supplémentaire sur un secteur déjà fragilisé. En effet, les points de vente paient déjà une taxe de 23%, et une nouvelle retenue de 20 % ferait grimper ce taux à 43 %, un fardeau insupportable pour de nombreux acteurs.
Une autre plainte a été formulée concernant le cas des points de vente de Dubréka, où une somme de 335 millions de francs guinéens aurait été dérobée par des distributeurs d’Orange Money. « Nos camarades de Dubréka ont été victimes d’un acte scandaleux, et nous exigeons la restitution immédiate de cette somme », a insisté Ramatoulaye Sow.
Le syndicat a annoncé qu’à partir du 20 février 2025, s’il n’y a pas de réponse positive de la part d’Orange Finance Mobile Guinée, les points de vente entreront en grève générale. Parmi leurs revendications figurent une augmentation des commissions à 65 % sur les retraits et à 0,30 % sur les dépôts, ainsi que l’annulation de la retenue de 20 % sur les commissions. Le syndicat demande également que la société rembourse les fonds volés aux points de vente de Dubréka.
Ramatoulaye Sow a également lancé un appel à l’intervention du président de la République, le général Mamadi Doumbouya, pour qu’il mette en place des mesures visant à protéger les emplois dans le secteur et à éviter une catastrophe sociale. « Nous vous prions de faire intervenir votre gouvernement pour stopper ce massacre économique et social. Ne laissez pas ces milliers de Guinéens sombrer dans le désespoir », a-t-elle ajouté.
Le syndicat a également sollicité le soutien de la Fédération syndicale des banques, assurances et commerces (FESABAC) ainsi que d’autres organisations syndicales dans leur lutte pour des conditions de travail plus dignes. « Aujourd’hui, nous ne demandons pas la charité, mais le respect et une juste rémunération pour notre travail », a conclu Ramatoulaye Sow.
Thierno Amadou Diallo