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GUINEE : Qu’avons-nous fait de notre indépendance ?

Ce dimanche 2 octobre, les Guinéens célèbrent 64 ans d’indépendance. En effet, à la suite du discours tenu par Sékou Touré, le 25 août devant le général Charles de Gaule et de la victoire du ‘’Non’’ au référendum du 28 septembre, la Guinée, dans une démarche singulière, accédait à la souveraineté nationale le jeudi 2 octobre 1958. Depuis, c’est dans une atmosphère empreinte de fierté et de nostalgie que cette date est célébrée tous les ans. Si globalement, le choix opéré par les compagnons d’indépendance n’a pas été remis en cause, le bilan qu’on dresse du chemin parcouru le long de cette soixantaine d’années, lui, ne réjouit pas grand-monde. Les fruits qu’annonçaient les fleurs de cette aube naissante ne sont pas au rendez-vous. Mais à y regarder de près, c’est cela même la trame de l’histoire du pays. Une succession d’espoirs déçus, de désenchantements et de désillusions. Aussi bien sur le plan du développement que sur celui de la cohésion de la Nation.

L’Etat partisan

Les divisions et une certaine précarité des conditions de vie, les Guinéens ont cela en partage depuis qu’ils ont rompu le lien avec l’ancienne puissance coloniale. Bien sûr, chacun peut avoir ses explications pour rendre compte de ce paradoxe. Mais l’on s’accorde sur le fait que les scènes de joie ne sont guère allées au-delà de quelques mois après la déclaration d’indépendance. Très vite, la posture unitaire qu’avaient adoptée Sékou Touré et ses compagnons, s’est mise à se fissurer. Puis, les contradictions nourries par les suspicions et la méfiance, sont devenues plus assumées. Au point que dans certains cas, cela a débouché sur des drames qui assombrissent l’histoire du pays. Et comme il fallait s’y attendre, la gestion tant politique qu’économique du pays en a pâtit. Prenant fait et cause pour l’une des parties au conflit, à laquelle il était confondu, l’Etat n’a pas toujours été capable de canaliser ces contradictions pour en faire un moteur de progrès. Conséquence, les deux camps étaient encore dos-à-dos quand le 26 mars 1984, le monde apprend la disparition d’Ahmed Sékou Touré, laissant un pays à l’économie exsangue et aux populations ivres de renouer avec la liberté.

L’espoir Conté dure 14 mois

 A la suite de ce premier régime conduit de main de fer, c’est le colonel Lansana Conté et ses camarades qui prennent le pouvoir le 3 avril 1984. Cette fois encore, on sort tamtams et balafons pour réserver aux nouveaux héros les honneurs mérités. Là encore, il y a une certaine communion. Le camp Boiro dévoilant l’ampleur de l’horreur infligée à ceux qui avaient eu le malheur d’y séjourner, on déroule le tapis rouge pour les nouveaux maîtres. On rêve à nouveau. On espère surtout que cette fois serait la bonne. Mais là aussi, la dynamique est stoppée net dans la nuit du 4 au 5 juillet 1985. Au bout de seulement 14 mois donc. La tentative de coup d’Etat de Diarra Traoré réinstaure le fossé et met à nouveau en évidence deux camps. Même si l’intensité des contradictions est moins vive que sous le premier régime, il n’en demeure pas moins que les incompréhensions demeureront jusqu’à cette fatidique soirée du 22 décembre 2008 qui a vu le général Lansana Conté passer l’arme à gauche. Sous Conté, la tension a particulièrement prévalu dans le pays entre le référendum de novembre 2001 et la mort du président. On ne peut pas là non plus dire que les conditions de vie des populations se soient améliorées au passage. Au contraire, la conquête et la conservation du pouvoir et les ressources auxquelles il donne accès ont focalisé toutes les attentions. Sans oublier les violences d’Etat qui ont jalonné la vie politique du pays.

28 septembre-Dadis

Une fois encore, ce ne sont pas les dispositions constitutionnelles qui prévaudront pour la succession. Avant même l’inhumation de Lansana Conté, l’armée damant le pion à feu Aboubacar Sompaoré, président de l’assemblée et dauphin constitutionnel d’alors, reprenait le pouvoir à travers la personne du capitaine Moussa Dadis Camara. Bouillant, fougueux et un brin naïf, le jeune capitaine ne suscite pourtant aucune méfiance. Au contraire, sa première parade le long de l’autoroute Fidel Castro est accueillie par une liesse populaire. Lassés par les dernières années de règne de Conté, usé autant par l’âge que par la maladie, les Guinéens se jettent à nouveau à corps perdu dans les bras d’un ‘’dirigeant providentiel’’.

 Mais là encore, au bout de 6 mois à peine, le désenchantement frappait à la porte. Le ‘’messie’’ ne se révélant finalement pas à la hauteur des immenses espoirs placés en lui. Mais l’irréparable devait survenir le 28 septembre 2009, dans l’enceinte du stade du même nom. Point culminant des contradictions qui se sont très tôt exprimées sous le magistère de Dadis Camara, les massacres inouïs dont la Guinée est le théâtre ce jour-là signent en réalité la fin du court règne du président du CNDD (conseil nation pour la démocratie et le développement). Parce qu’ils sont à la base du tir qui a failli l’emporter le 3 décembre 2009. Dadis écarté, Sékouba Konaté reprend les manettes et s’empresse d’exécuter la feuille de route qui lui est tracée. Encore que c’est dans un climat volatile que cette parenthèse s’achève avec l’élection du président Alpha Condé fin 2010, au terme d’un scrutin historique du fait aussi des quatre moi qui séparent le premier du second tour, en lieu et place des 15 jours légalement prévus.

Alpha Condé et le mandat de trop

L’arrivée au pouvoir de l’ancien opposant historique se fait dans des conditions quelque peu rocambolesques. Lui qui avait été crédité de seulement 17 % des suffrages au premier tour du 27 juin 2010, finit par l’emporter d’une courte échelle au terme du second tour. Autant dire que c’est un pays divisé dont il hérite. Mais il a une légitimité historique qui milite en sa faveur et qui incite quelques-uns à demeurer optimistes. Mais les attentes qu’il a suscitées, Alpha Condé ne les aura jamais comblées. Usant davantage d’intrigues et de manipulation dans sa gestion et plus porté sur la politique politicienne, il arrive à l’orée de la fin de son second mandat avec un bilan totalement en deçà de celui qu’on aurait pu espérer de lui. Mais il n’en est manifestement pas conscient. Car il brigue un troisième mandat. En face, ses opposants politiques et la société civile ne sont pas d’avis. Ils font descendre des milliers de Guinéens dans la rue pour dénoncer le tripatouillage de la constitution. Mais l’ancien opposant n’en a cure. Son troisième mandat, il y tient envers et contre tout. Il finira par l’obtenir, mais sacrifiera au passage sa réputation et son image. D’autant que le parcours menant à ce mandat de trop est ensanglanté. Et c’est pourquoi quand, le 5 septembre 2021, il est déposé par le Groupement des forces spéciales (GFS), il n’y avait personne pour lever le petit doigt. Lui qui est pourtant présenté comme le premier « président démocratiquement élu » est même exhibé comme un vulgaire trophée dans les rues de Conakry par ses tombeurs.

Les Guinéens rêveurs et naïfs… ?

Quant au patron de la junte actuelle, le colonel Mamadi Doumbouya, très peu connu des Guinéens, il est acclamé en sauveur et son putsch, légitimé par tout le monde, les acteurs politiques les plus représentatifs en premier. Du moins, durant les premières semaines. Parce que dès les premières semaines, l’enthousiasme  a cédé la place à la méfiance. Et même aux affrontements, avec des manifestations qui ont déjà fait des victimes, mais aussi des prisonniers issus autant des rangs de la société civile que des camps politiques. Plus d’un an après le coup d’Etat, les parties ne se sont toujours pas accordées, ni sur la durée, ni sur le chronogramme de la Transition. Sans cesse annoncé, le dialogue inclusif peine à se mettre en place. Bref, sous nos yeux, se reproduit vraisemblablement ce qui a le plus caractérisé l’histoire de ce pays. A savoir le désespoir qui succède à l’espoir. Et la seule réaction qu’on a toujours réservée à cette fâcheuse répétition, ce sont la résignation et le fatalisme. Les Guinéens, quelque peu paresseux, attendant que la rupture leur tombe du Ciel.

Peut-être que c’est bien cette attitude qu’il va falloir revoir. Lire la suite sur la page Facebook de La Cause Guinée

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